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Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne, 7 mars 1879

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Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne
7 mars 1879


Extrait du journal

-Hé quoi 1 toujours des crises! On veut bâtir pour la République un palais et un temple, et le terrain est mouvant, et le sable se déplace au premier vent qui souffle en tempête ! Certes, il y aurait lieu de trembler pour l’avenir, si, en détournant les yeux de la scène où s’agite le monde spécial de la politique, on ne rencontrait d’autres spectacles offrant avec celui-ci le contraste le plus frappant. C’est une faiblesse, très naturelle d’ail leurs, chez les gens qui s’occupent cons tamment de politique, de ne pas regarder assez souvent plus loin que le microcosme dont ils sont le centre. Députés, ministres ou journalistes, nous tombons tous, plus ou moins, dans ce péché mignon. Nous grossissons des questions qui touchent à nos habitudes, à nos affections ou à nos passions, parfois à nos intérêts. Mais, si on veut se rasséréner, il suffit de considérer ce qui se passe dans le reste du pays. Tenez, par exemple, samedi, tandis que commen çait à la Chambre la discussion sur la pré fecture de police, tout un département, pour ainsi dire, s’était réuni au chef-lieu, à Chartres II s’agissait de célébrer le sou venir d’un grand citoyen du pays chartrain, de Marceau, à l’occasion du jour anniver saire de sa naissance. Hé bien ! tandis que Versailles nous offre le spectacle de divi sions passagères et de luttes dont nous voudrions être dispensés, à quelques lieues de là, population, autorités, bourgeois, sol dats, députés et électeurs fraternisaient, communiant ensemble dans une idée simple, généreuse, et qui ne comportait aucune de ces nuances qui nous paraissent si graves dans les affaires parlementaires. Le maire de Chartres, M. Delacroix, sé nateur, présidait un" grand banquet, où, selon la mode anglaise, on a porté plusieurs toasts. M. Labiche a bu à la République française, et M. Fontaine, le préfet, à son président. M. Gatineau a raconté la vie de Marceau et tracé un tableau animé de cette existence si courte, si bien remplie, brûlée, si on peut ainsi dire, au feu de l’enthou siasme de 92 ; à ce souvenir, M. Noël Par fait a répondu en faisant l’éloge de la sagesse politique, qui confirme les conquêtes de la Révolution ; M. Truelle a bu au ministère républicain, sans acception de personnes ; et à ces toasts, à d’autres que j’oublie en core, on a donné pour conclusion le toast à l’armée française. M. le général Carrelet — un conservateur, un peu outré même, si mes souvenirs sont exacts — y a ré pondu, en célébrant le patriotisme de Mar ceau. Certes, si tous les hommes qui ont pris part à cette fête sont loin d’étre, en toutes choses, du même avis, il y a entre eux des nuances, et s’il faut rappeler la langue par lementaire, ils sont de groupes différents. D’origine et d’opinions, ils varient sur bien des points. Mais ils se sont réunis dans une pensée commune, très patriotique et très politique, affirmant une fois de plus que l’immense majorité de la France, dans les villes comme dans les campagnes, est bleue, c’est-à-dire, en un mot, attachée dé...

À propos

Fondé en 1869, Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne affiche très vite son indépendance totale vis-à-vis de l’État en tenant haut le drapeau de la démocratie. Profondément pacifiste, le journal est convaincu que l’entente des peuples doit passer par une démilitarisation multilatérale. Il paraît jusqu’en 1914.

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