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Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne, 8 septembre 1908

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Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne
8 septembre 1908


Extrait du journal

Les constitutions font rage. On n’entend parler que de constitution. C’est à qui aura la plus fraîche. La Turquie s*tn est commandé une. La Perse aussi. 11 n’est pas jusqu’à la Chine, qui demande à entrer dans la danse. Tout porte à croire que, lorsque nos enfants auront l’âge d homme, il n’v aura plus que des pays constitutionnels dans le monde. Si les peuples gagnent à se eoustitutionnuliser en vertu, en bonheur et en libeité, ils n’auront qu’à se féliciter. En vertu, c’est à quoi il ne faut point songer. Que l'homme soit constitutionnel ou non, il y a grande chance pour qu’il reste un homme, c’est-à-dire un être pourvu de tous les vices, et les aimant au point de ne pouvoir s’en passer. Je sais bien qu’il est quelques belles âmes qui poussent la candeur jusqu’à s’ima giner que l’homme croit en vertu, et qu’il ne faut plus que quelques siècles pour le perfectionner. Ne contrarions pas les belles âmes. Eu bonheur matériel, il y aura du pour et du contre. Beaucoup se ré jouiront et auront raison de se ré jouir, en songeant qu’ils jouissent enfin des droits de l’homme, parmi lesquels celui d’aller à la Mecque en chemin de fer paraîtra singulière ment avantageux. Ils seront donc très contents, comme nous le fûmes tous après la promulgation de nos trente-sept constitutions successives, qui de vaient toutes assurer notre félicité, et dont nous n’eûmes pas lieu de nous louer, puisque nous ne pûmes en garder aucune, sauf la dernière qui, étant la plus mauvaise, menace de s’éterniser. Tous les peuples ressemblent au peuple Romain, pour cette raison que les hommes sont des hommes, et que tous sont aussi amoureux de leur liberté propre qu’hostiles à celle du voisin. Chacun veut bien, pour ce qui le regarde, n’ètre pas embêté ; mais il veut aussi n’être pas contrarié ; et si le voisin le con trarie, il trouve très bon qu’on tape sur le voisin. Non pas seulement très bon mais nécessaire. C’est ce qu’il appelle maintenir l’ordre. Au fond, ce que les révolutions changent le plus, ce sont les mots. Les constitutions adoptent lus nou veaux, et c’est ce qu’on appelle un changement de régime. Être mis en prison au nom de la liberté est toute autre chose qu’être mis en irison au nom d’un pouvoir absolu, -.e prisonnier est lu seul qui n’en ; asse pas la différence. Mais, s’il falait écouter tout le monde, on n’ar riverait jamais à rien. Il me parait donc présumable que les pays orientaux vont traverser des phases analogues à celles par les quelles nous avons passé. Il serait bien extraordinaire qu’ils fussent plus sages et plus intelligents que...

À propos

Fondé en 1869, Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne affiche très vite son indépendance totale vis-à-vis de l’État en tenant haut le drapeau de la démocratie. Profondément pacifiste, le journal est convaincu que l’entente des peuples doit passer par une démilitarisation multilatérale. Il paraît jusqu’en 1914.

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