Extrait du journal

le» cauchemars : les sis des meubles qui craquaient lui donnaient des frissons. Une chaleur lui montait aux tempes serrées par la peur. Enfin, elle traversa la cuisine où les va peurs chaudes du souper, les charbons à demi morts du foyer et l’aspect des objets familiers éclairés par la double lueur de la lanterne qu’elle avait découverte et de la lune qui pénétrait à travers les vitraux met taient une apparence de vie. Elle se ranima et ouvrit doucement la porte de la cour. Une bouffée d'air humide lui frappa le visage, et, pour se rafraîchir, brûlée par les fièvres de l’attente, elle dégrafa sa robe, respira un moment ù longs traits, et jeta sur ses épaulas sa mantille, autant par co quetterie que pour »e soustraire à l’impres sion du froid qui était vif. Le chien de garde vint lui lécher les mains et la suivit obstinément jusqu’à l’extrémité des jardins. Vainement elle essaya de con gédier ce défenseur intempestif. Alors elle passa ses doigts dans l’anneau du collier ot le retint auprès d’elle. Déjà il levait la tôle en grondant, comme s’il avait flairé l’approcue d’un étranger. Au delà des jardins qui occupent au fond de la cour un espace assez vaste, les fossés pleins d’une eau limpide et très profonds formaient une sérieuse défense, et du côté du manoir cette défense était complétée par un mur énorme, peu élevé, véritable remPart, dont les pieds inclinés baignaient dans eau des douves. A l’encoignure de ce mur, auprès du pont rustique jeté sur les fossés, il y avait, et on voit encore une sorte de tour basse, assez étroite, dont les créneaux, à demi ruinés, dominent la crête de la muraille....