Extrait du journal
Versailles, 8 février 1873. ^ °*ci une nouvelle qui ne fera pas plaisir à tout le monde et que les amis de la droite mettront certainement en doute quoique nous ayons toute confiance dans la per sonne qui nous la communique. Récemment, dans une conversation in time avec un ancien député de l’opposition sous l’Empire, qui fut aussi membre du gouvernement de la défense nationale, M. Thiers aurait dit : « Le 15 avril de cette année le quatrième milliard sera payé en entier. Le 15 mai il y aura plus un seul prussien en France et le premier dimanche de juillet auront lieu les élections géné rales. » Ce qui donne à ces paroles du président de la République une importance toute particulière, c’est qu’elles coïncideraient à quelques jours près, avec l’ordre donné aux habitants de Beltort par l’autorité supé rieure allemande. En vertu de cet ordre, les baux de location consentis par les habi tants de Belfort aux officiers allemands seraient résiliables au premier juillet. Il est donc naturel de supposer, d’après cela, que les autorités prussiennes pensent évacuer la ville à cette époque. S’il faut en croire M. Thiers et si, comme nous avons toute raison de le croire, les paroles que nous avons citées plus haut nous ont été fidèlement rapportées, la date de l’évacuation de Belfort et de la libération complète du territoire, serait encore plus rapprochée que ne semble l’indiquer la circulaire prussienne. Il est 4 heures 1/2, la Commission des Trente vient de lever sa séance après avoir nommé M. le duc de Broglie rapporteur, par 19 voix contre 11, réparties sur les autres membres. La majorité a adopté l’amendement de M. d’Haussonville et a décidé que, même dans la discussion des interpellations personnelles au Président, celui-ci devrait se retirer et que l’Assem blée ne délibérerait qu’apres son départ. La majorité (23 voix) a repoussé, au scrutin par division, l’art. IV tel qu’il avait été rédigé par le gouvernement. Sur la question de l’organisation des pouvoirs intérimaires, la majorité a été également hostile au gouvernement. Un amendement avait été proposé par M. Arago tendant à conférer à M. Thiers le pouvoir exécutif pour le temps qui s’écoulerait entre la séparation de l’Assemblée actuelle et la réunion de la nouvelle. Cet amendement a été repoussé. Nous serons sobres de **mmentaires sur cette dernière séance de la Commission des Trente. La gravité de ses votes n’échappera à personne. C’est une rupture complète, absolue, irrémédiable entre la majorité de la Commission et M. Thiers. Il ne reste plus maintenant à celui-ci qu’à porter le débat devant l’Assemblée et devant le pays On peut douter du vote de la première ; mais les gens d’ordre, les patriotes et les les républicains peuvent, comme M. Thiers, avoir confiance dans les sentiments de la nation. Les royalistes ont voulu une crise, ils l’ont. Que leur importent les intérêts du pays !...
À propos
Fondé en 1869, Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne affiche très vite son indépendance totale vis-à-vis de l’État en tenant haut le drapeau de la démocratie. Profondément pacifiste, le journal est convaincu que l’entente des peuples doit passer par une démilitarisation multilatérale. Il paraît jusqu’en 1914.
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