Extrait du journal

NOTRE ÉDIFICE MILITAIRE Les dieux soient loués, la Chambre s’est décidée à voter la loi sur l'armée 1 Elle a eu le bon sens d’accepter le texte que lui avait renvoyé le Sénat et de mettre ainsi un terme aux voyages de cette mal heureuse loi. Si elle eut agi autrement, elle eût trompé d'une façon redoutable pour elle l’attente du pays. Le corps électoral est déjà fortement tenté d ac cuse! les e’ius ùe 1 ù impuissance : qu’eùt-ce été si, à la veille de leur dé part, les députés n’avaient pas réussi à s’entendre sur la seule question à la quelle le pays tout entier accorde un caractère d'urgence ! Les partisans du tout ou rien, ceux qui ont toujours peur de laisser quoi que chose à faire à leurs successeurs, ont lutté de leur mieux et non sans élo quence. Fier et jaloux de leur intransi geance, ils en avaient patiemment pré paré les tirades politiques. Jamais texte n’avait été passé plus laborieusement à la loupe et au microscope. Toutes les moindres inégalités de la loi ont été mises en lumière avec un acharnement infatigable, pendant que toutes ses ré formes, toutes ces précieuses conquêtes étaient couvertes d’un voile épais et laissées dans l’oubli le plus profond. C’était un miracle de voir le pieux évêque d’Angers et le farouche librepenseur M. Labordêre se donner la main pour accuser Vinfâme loi bourgeoise, pour condamner l’article 23, l’article scélérat. Dans leur zèle commun, ils se prêtaient des arguments, et pendant que le prélat flétrissait la gauche qui renon çait à ses principes d’égalité absolue, le major félicitait la droite d'avoir obtenu une loi aussi tendre aux étudiants et aux séminaristes. Le texte du Sénat a trouvé heureuse ment d’ardents et habiles défenseurs dans >1. Thiers, le rapporteur, et M. le ministre de la guerre. Tous deux ont su exposer avec un rare talent les améliotions considérables que la loi nouvelle réalise sur la loi de 1872, le rapporteur avec un accent patriotique des plus...

À propos

Fondé en 1869, Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne affiche très vite son indépendance totale vis-à-vis de l’État en tenant haut le drapeau de la démocratie. Profondément pacifiste, le journal est convaincu que l’entente des peuples doit passer par une démilitarisation multilatérale. Il paraît jusqu’en 1914.

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