Extrait du journal

PAROLES D’UN PENSEUR Un libéral de bonne volonté, républicain d’ancienne date, savant autant qu’homme peut l’être, l’honorable M. Littré examine aujourd’hui, dans la Revue positive, « par quelle conduite la République française consolidera le succès qu’elle a obtenu. » M Littré a l’âge de ce siècle. Homme de méthode et de comparaison, il a pu étudier l'histoire à la lumière de son expérience personnelle et se rendre compte, avec une précision scientitique, des causes qui font vivre ou mourir les gouvernements. Sa pa role vaut donc qu’on l’écoute et qu’on eu tienne un compte sérieux. Examinant la condition présente de la France, c’est-à-dire le milieu français tel qu’il est aujourd’hui : paysans conserva teurs. ouvriers révolutionnaires, radicaux, socialistes, bourgeois libéraux, M. Littré se demande quel est le procédé de gouverne ment qui convient à la République. Est-ce 1 opportunisme? Est-ce le radicalisme? Est-ce le système qui consiste à ménager les intérêts moraux et matériels au profit du bien commun, c’est-à-dire en préparant ce qui s’adapte le mieux aux circonstances? Est-ce le système adverse? La réponse n’est pas douteuse. M. Littré se prononce pour l’opportunisme. Passant en revue les diverses fractions du parti dit radical ou intransigeant, M. Littré, après avoir constaté que ces frac tions sont en général ennemies les unes des autres, reconnaît cependant qu’elles ont un certain nombre d’idées communes. Ces idées sont : l’hostilité au catholicisme, la suppression du Sénat et de la présidence de la République, le transport au suffrage universel de diverses nominations dans l’ordre administratif et judiciaire, de ma...