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Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne, 14 novembre 1875

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Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne
14 novembre 1875


Extrait du journal

n ont-elles pas donné une large place aux candi dats conservateurs ? Dans l'élection dont on a parlé, M. Barodet re présentait la question des franchises municipales de Lyon qui avait élé votée par une faute du pou voir. C est cette question qui a triomphé à Paris. L honorable préopmant a invoqué l’inégalité du nombre des électeurs dans les collèges cantonaux. Il n y a pas d analogie entre ces collèges et les collèges électoraux politiques, entre l'importance des deux mandats. Pour répondre aux repioches qu’on a adressés au scrutin de liste, il suffit de jeter les yeux sur les élections qui ont eu lieu depuis cinq ans. Où sont les abus, les scandales ? où sont ces comités intimidant les électeurs ? Ce sont là des tableaux de fantaisie. Partout la démocratie française a fait en sagesse, en intelligence, des progrès incontestables ; par tout elle a le souci des choix qu elle fait (Très bien ! très lien ' à gauche.) Quelle contradiction de considérer le scrutin de liste comme un instrument sauveur dans les tefbps troublés, dans les crises de la patrie, et de le proscrire en temps de paix comme inutile on dangereux ’ I n des avantages du scrutin d'arrondissement est, selon M. le garde des sceaux, de maintenir des rapports étroits entre 1 électeur et l'élu, M. le garde des sceaux est donc partisan de ce mandat impératif qn’il a raillé? C est précisément le scrutin de liste qui favorise ces rapports entre le mandataire et l’élu. En restreignant la circonscription, on ne dimi nuera pas le nombre des candidats, et si l’électeui est si ignare qu on l'a dit, il ne sera pas moins embarrassé avec le scrutin d’arrondissement qu’a vec le scrutin de liste. il ne faut pas décréter d’incapacité la moitié de la 1 rance. L électeur obéit à ses intérêts et il sait bien distinguer toujours 1 homme qui le servira le mieux. L Lmpire avait compris, mieux que les préten dues classes dirigeantes, la force du suffrage uni versel, et dans le suffrage universel la force des pajsans. Les adversaires du scrutin de liste ne veulent pas prendre leur parti de 1 avènement du suffrage universel ; ils essaient de ruser avec lui, au moyen du scrutin d’arrondissement. Ce régime pouvait se concevoir sous le gouver nement censitaire de la monarchie de Juillet dont a pu avoir raison une agitation faite à coups de fourchettes. (On rit j II est temps d’appliquer le suffrage universel avec sincérité ; en vain agite-t-on le spectre de comités qui menacent, dans leurs bases, la reli gion, la propriété, la lamille... et les ministres. (Un rit.) On est parvenu à étendre sur le sol deux tronçons de celte hydre, à Lyon et à Marseille. Malheureusement, on a découvert que l’hydre était entretenue par la préfecture : c’était une hydre en condition. (Un rit.) Le véritable noeud de la question est dans l’in térêt que croit avoir un parti dans l'adoption du scrutin d arrondissement. Ce parti, ce n’est ni le parti légitimiste, ni le parti bonapartiste, ni le parti républicain, c’estl’autre... (On rit), qui, ayant déjà changé une révolution en nourrice, conserve 1 espoir d agir de même à 1égard de la Constitu tion du 25 février. Mais ces espérances sont chimériques : les membres de ce parti seront écrasés entre les deux partis qui invoquent le suffrage universel ; ils envient les succès électoraux de l’Empire, mais ils n ont pas la manière de s’en servir. Quelques individualités pourront revenir à la faveur de bourgs pourris ; mais le parti lui-même ne re viendra pas. En réalité, il est de l’intérêt de tous d'avoir le scrutin de liste, et pour en assurer le triomphe* puisque tel est le sort fait au parlement par une politique équivoque, l'orateur prend la responsa bilité de déposer une demande de scrutin secret. (Exclamations à droite. Applaudissements pro longés à gauche.) La clôture de la discussion est demandée, mise aux voix et prononcée. M le président annonce qu'il y a sur l'amende ment de M. Antonin Lefevre-f’ontalis une demande de scrutin secret signée de MM. Chal emel-Laceur, Rarent, Testelin et autres membres, et une de mande tendant à ce que le scrutin secret ait lieu par appel nominal. Le renvoi du vote à demain est demandé, mis aux voix et n'est pas prononcé. L Assemblée, consultée, décide que le scrutin secret aura lieu par appel nominal. Il y est procédé dans la (orme réglementaire. À la majorité de 357 voix contre 32G, sur 683 votants, l'amendement est adopté....

À propos

Fondé en 1869, Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne affiche très vite son indépendance totale vis-à-vis de l’État en tenant haut le drapeau de la démocratie. Profondément pacifiste, le journal est convaincu que l’entente des peuples doit passer par une démilitarisation multilatérale. Il paraît jusqu’en 1914.

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