Extrait du journal
Correspondances particulières du Guetteur. Paris, 18 novembre. La grande nouvelle du jour est l’an nonce d'un nouveau ministère où M. Emile Ollivier aurait accepté le portefeuille de ministre de l’intérieur. Il parait que cette fois la nouvelle est sérieuse, car les jour naux en parlent comme d’une affaire à peu près certaine. L’un d’eux même, le Public, qui reçoit directement les inspirations de M. Rouher, nous apprend qu’un simple délai de 48 heures nous sépare de l’appari tion de ce nouveau ministère. Je vous ilirai que, dans les circonstances actuelles et vu le pas énorme que nous avons fait depuis les dernières élections, un ministère Ollivier ne paraîtrait pas in vraisemblable. La seule objection que j’y verrais, pour le moment, c’est que ce se rait sacritier les préfets de M. de Forcade, ceux qui ont fait les élections, et cela à la veille du jour où la discussion va reprendre sur un grand nombre d'invalides. Mais, si la situation parait critique à l'empereur, et s'il a réellement l’intention de faire le changement dont on parle, il est bien pos sible qu'il passe sur l’inconvénient que je viens de vous signaler, pour cet avantage énorme qu’il trouverait à se présenter de vant la Chambre avec un ministère nou veau et de signification plus libérale. Ce serait, à coup sur, le manifeste de la gauche qui aurait déterminé cette nouvelle résolution de la part du gouvernement. Ce manifeste est destiné à produire un excellent effet en province, où l’on com mençait à associer un peu trop légèrement i la gauche à toutes les sottises, aux criaille- ! ries et aux reculades de la gauche extrême. U n’était que temps qu’on revint de cette opinion qui. en cas de dissolution du Corps législatif, eût pu amener à la Chambre des députés réactionnaires dans certains dé partements où. la dernière fois, des libé raux n’avaient pu passer qu’en prenant les plus grandes précautions. Les journaux du gouvernement qui, encore à l’heure qu'il est, mettent toute leur intelligence à faire agiter les bras du spectre rouge, n’ont donc pas perdu tout-à-fait leur temps. Aussi, de tous les côtés, dans la presse libérale, essaie-t-on de réagir contre cette terreur panique des bourgeois. Quand on songe qu’un journal qui, dans sa chronique politique, affecte parfois des allures libérales, peut s’écrier en tète de sa feuille : « Grâce au ciel, nous voilà délivrés des réunions publiques ! » on peut voir qu’il n’est que temps de réagir contre cette malheureuse tendance du Français à sa critier toutes les libertés dès qu’il y aper çoit quelque excès. Et encore, est-il exact de dire que ce droit de réunion ait donné lieu à un véritable excès ? La gauche extrême ne pardonne toujours pas son manifeste à l’opposition parlemen taire. C’est un testament, dit le Réveil. Rochefort a déclaré hier dans une réunion publique que ce manifeste est beaucoup plus dirigé contre lui et contre le mandat impératif que contre l'empire. Il y a du vrai là-dedans. Toujours est-il que, pour le moment, la signification de ce document est surtout dans ce fait qu’il affirme sa sé...
À propos
Fondé en 1869, Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne affiche très vite son indépendance totale vis-à-vis de l’État en tenant haut le drapeau de la démocratie. Profondément pacifiste, le journal est convaincu que l’entente des peuples doit passer par une démilitarisation multilatérale. Il paraît jusqu’en 1914.
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