Extrait du journal
des conservateurs au pouvoir. Je l’admets, car, pour ma part, j’ai toujours été conser vateur, et, quoi qu’en ait dit mon ancien collègue et aini M. Magne, que je remetcie de la justice qu’il a bien voulu me rendre et que je lui ai rendue en tous temps, j’ai toujours été conservateur et toujours voulu le paraître autant que je l’étais. Mais il faut s’entendre sur ce mot et prendre garde à l’interprétation qu’on cherche à lui donner. Par exemple, on établit des classes parmi les conservateurs, et puis on dit : Point de radicaux d’abord. — Soit, si par là on en tend les partisans de certaines théories économiques, financières et sociales, que tes radicaux professent et renonceraient bientôt à pratiquer s’ils arrivaient au pou voir. Mais on ne s’en tient pas là, et après avoir repoussé les radicaux en personne, on repousse ceux qui, sans être radicaux, mèneraient à eux par leurs manières de taire : de sorte qu’il y a les radicaux d’a bord, dont il faut se défendre, puis ceux qui mèneraient aux radicaux sans Vôtre ; puis, enfin, par voie de conséquence, ceux qui nous mèneraient aux complaisants des radicaux ; et, en continuant ces classifica tions, il pourrait bien arriver qu'on n’admit a** service de la République que ceux qui n’ont jamais voulu d’elle et qui n’en veu lent pas môme aujourd’hui. Sans doute, le pouvoir ne doit pas être une compétition de places, une lutte d'am bitions ; mais cependant il faut faire servir un gouvernement par ceux qui en ont tou jours voulu, et, au moins en partie, par ceux qui, n’en ayant pas voulu autrefois, en veulent aujourd’hui. Autrement, qu’arnverait-il? On aurait des fonctionnaires, et, en parlant des fonctionnaires, je n entends pas cette partie modeste, laborieuse, infatigable de l’administration qui a tou jours servi admirablement la France ; qui, le lendemain de chaque révolution, est toujours venue reprendre le cours des af faires, les enseigner aux nouveaux venus qui les ignoraient, et a toujours maintenu invariable la marche des services publics : je parle dus fonctionnaires politiques, chan geant avec la politique et en étant la repré sentation aux yeux des peuples. Eh bien, on aurait des fonctionnaires qui n’osent pas prononcer le nom du gouvernement qu’ils servent ; à qui, par exemple, c’est un miracle d’arracher le mot de République; qui parlent de la France, nom sacré qui nous est cher à tous, qu’il est toujours à propos de prononcer, mais qu’il ne faudrait pas toujours prononcer uniquement pour n’en pas employer un autre. Ce n’est pas ainsi, messieurs, qu’on rullio les populations incertaines, soupçonneuses, et qu’on se fait suivre par elles dans les voies où Von marche, et qui sont les seules où vous puissiez marcher désormais. On s’expose, en agissant de la sorte, à offrir au pays un gouvernement incertain, tiraillé, énigmatique, dans lequel on cherche, sans le trouver, la pensée qui le dirige. Du reste, messieurs, les élections appro chent, et c’est à la France qu’il appartient d’imprimer au gouvernement l’unité dont il a absolument besoin. Que, se gardant de tout esprit d’exclusion, car les gouverne ments exclusifs sont stériles, la France, agissant avec discernement, accueille tous les hommes qui ont su prendre leur parti, et se garde de ceux qui, républicains le jour du scrutin, se hâteraient le lendemain d’expliquer leur profession de toi par l’ar ticle de nos lois constitutionnelles qui sti pule la révision. Qu’en abordant les urnes électorales, la France n’oublie pas qu’elle a son système financier à compléter, ses lois militaires à revoir, car celles qu’on a faites ne sont pas toutes bonnes, ses traités de commerce à renouveler en 1876, son enseignement à développer d’après les bases de la société moderne ; et si à toutes ces difficultés de on lui prête telle ou telle préférence. Elle système, qui rendent les solutions si labo- n’a ni amour ni haine ; elle a le souci du...
À propos
Fondé en 1869, Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne affiche très vite son indépendance totale vis-à-vis de l’État en tenant haut le drapeau de la démocratie. Profondément pacifiste, le journal est convaincu que l’entente des peuples doit passer par une démilitarisation multilatérale. Il paraît jusqu’en 1914.
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