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Le Journal de Saint-Jean-d’Angély, 17 septembre 1874

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Le Journal de Saint-Jean-d’Angély
17 septembre 1874


Extrait du journal

Les rumeurs se rapprochaient. Je reconnaissais les voix familières des soldats de la troupe. C’était bien moi que l’on devait chercher. Je n’étais guère qu’à quarante milles environ de mon point de départ. Comment avaiton pu découvrir ma trace ? Les voix se rapprochaient en s’excitant à la battue. Je me tapis sous un massif inextricable de ronces et de lianes qui me couturaient la figure. L’enfant avait conscience du péril et se blottissait dans ma poitrine. J’étais depuis combien de temps — Dieu îe sait ! — dans cette position atroce, face contre terre, les mains en sang, étouffant, déchiré par les épines, dévoré par les moustiques, et redoutant surtout les reptiles du sol humide pour ma fille, lorsque je sentis tout-à-coup le sol plier sous le poids de mon corps. Le terrain s’éboulait, et je roulai, en serrant l’enfant de toutes mes forces, au fond d’un ravin où je demeurai évanoui. Lorsque je revins à moi, Cécile que, par un hasard providentiel, j’avais préservée dans ma chute, bâtissait des fortifications avec la boue saumâtre dans laquelle j’étais étendu. La lumière arrivait jusqu’à nous par d’étroites fissures qui ne permettaient pas le passage même à un homme de ma taille. Je me trouvais dans une excavation de quatre mètres carrés sur trois de hauteur environ. Nul jour d’en haut. Le trou s’était rebouché. Les parois grasses filtraient une eau lourde et crue qui glaçait au simple contact. Après avoir distendu vigoureusement les quatre membres pour constater que je n’avais aucune fracture, je me dépouillai du gros surcot dont je m’étais muni contre les brumes de la nuit; avec les mottes de terre qui nous avaient suivi dans l’ôboulement et qui se trouvaient moins humectées que celle de la grotte, je maçonnai une petite estrade où j’étendis le vêtement de laine, puis j’y posai bien doucement l’enfant. — Maintenant, me dis-je avec résolution, il s agit de se tirer de ce bouge. De la pensée à l’exécution, il y avait bonne distance. Je n’avais à ma disposition aucun levier propre à élargir l’ouverture par où nous venait le mince filet de lumière...

À propos

Fondé en 1874, Le Journal de Saint-Jean-d’Angély était un bihebdomadaire régional conservateur. En 1877, il devient L’Union conservatrice puis prend le nom d’Union Nationale en 1898 avant de revenir à son nom initial la même année, puis de devenir le Journal de Saint-Jean-d’Angély (L’Union nationale). Il paraît sous ce nom jusqu’en 1941.

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