Extrait du journal
Les journaux commentent le discours pro noncé à Reims par M. Jules Simon, dans un repas que M. Drancourt, ancien maire républi cain de cette ville, offrait à l’ancien ministre républicain de l’instruction publique, à « trois pas, — M. Jules Simon l’a lait remarquer, — de la cathédrale où l’on sacrait les rois de France. » Nous n’insisterons pas sur les contradictions nombreuses, émises avec un admirable aplomb par le doucereux et cauteleux élève politique de M. Thiers. 11 admet, il va plus loin, il démontre que « la France se divise en républicains et en bonapartistes. » Vous croyez peut-être que M. Jules Simon va conclure à l’Appel au peuple, pour que ces deux grandes nuances de l’opinion nationale puissent se compter ? Pas du tout, l’orateur en déduit la nécessité d une prompte dissolution de l’Assemblée. C’est prendre la question par son plus petit côté. Si « l’immense majorité du corps électoral veut la république », pourquoi ne pas le lui faire dire nettement et directement ? La plus forte, la plus impudente des contra dictions émises par M. Jules Simon, la voici : « Une insurrection contre les élus du suffrage universel serait un crime. Oui, cette insurrec tion serait un crime. Eh bien! l’ancien député du Corps législatif, l’ancien insurgé du 4 Septem bre, l’ancien membre du gouvernement de la défense nationale, a commis ce crime, quand le canon de l’ennemi vainqueur lui permettait de le commettre impunément, avec quelques avan tages pour sa vanité et pour sa fortune. Le 4 septembre, M. Jules Simon a pris part à. une insurrection contre une dynastie issue du suffrage universel et à laquelle il avait prêté son serment, contre une Constitution issue du suf frage universel et à laquelle il avait prêté son serment, contre une Assemblée issue du suffrage universel et dans laquelle il ne siégeait qu’en vertu de son serment. Mais passons. L’Israélite, ancien ministre des cultes de la France chrétienne, s’était sans doute converti : l’insurgé du 4 septembre, le complice des Rochefort des Assi et de l’étranger peut bien s’être également converti dans l’ordre poli tique. En somme, ce n’est point par les principes, mais par les expédients que brille le discours de M. Jules Simon. Ce discours est dissolutionniste, et la partie dirigée contre la majorité de l’Assem blée nationale contient des arguments parfaite ment déduits dans leur forme eupliémiste. Le but que poursuivent les amis politiques de l’ancien ministre de la défense nationale et de M. Thiers,_ les républicains de toute nuance —- M. Jules Simon met un grand soin à bien établir l’union politique de toutes les fractions de la gauche — c’est d’amener la droite extrême à voter avec les républicains la dissolution de l’Assemblée. Nous n’avons point à nous expliquer encore sur le plus ou moins de probabilité de réussite du plan de campagne parlementaire développé par le président delà Gauche républicaine. Tous les journaux, même les quasi-officieux, sont unanimes a conseiller au gouvernement de présenter dans le plus bref délai un projet de loi sur la presse. La mesure qui vient d’être prise contre Y Univers en démontre la nécessite. Si l’arbitraire est commode, il a parfois ses incon vénients, dont le principal est de rendre le gou vernement responsable de tout ce qui se dit dans les journaux. Si l’on avait une loi sur la presse, YUnivers aurait été déféré aux tribunaux, et nous aimons à croire que l’ambassadeur d’Espagne n’aurait pas pousse l’arrogance jusqu’à décliner les jugements de la magistrature française....
À propos
Fondé en 1874, Le Journal de Saint-Jean-d’Angély était un bihebdomadaire régional conservateur. En 1877, il devient L’Union conservatrice puis prend le nom d’Union Nationale en 1898 avant de revenir à son nom initial la même année, puis de devenir le Journal de Saint-Jean-d’Angély (L’Union nationale). Il paraît sous ce nom jusqu’en 1941.
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