Extrait du journal

Nouvel an, nouvelle Chambre, pro messes nouvelles. Tout cela n'est-il bon que pour passer le temps et continuer de vivre comme nous l'avons fait jusqu'à pré sent ? Avons-nous quelques amis de plus au pouvoir ? Nous devrions l'espérer, si le passé peut être garant de l'avenir, car bon nombre des éius> d'aujourd'hui ont élé des nôtres. Beaucoup sont for mellement engagés par leur programme, non seulement à chercher à améliorer la condition de la femme, mais à lui accorder ses droits intégrais. Nous voudrions être des augures de bonheur pour l'année 1894. Déjà le projet de loi pour donner aux femmes les droits civils a été présenté de nou veau devant la Chambre des députés. D'après le sort qui lui sera réservé nous pourrions juger des dispositions des nouveaux membres. Il nous faut attendre, mais non pas dans l'inaction. Multiplions nos réu nions et nos réclamations ; mettons de notre côté ce levier tout puissant, la presse ; enrôlons l'opinion publique, le grand moteur qui gouverne jusqu'à la presse ; travaillons, chacune dans sa sphère, par la plume, par la parole, par l'exemple. Notre argent, notre nom, notre présence même peut beau coup, notre sympathie peut plus en core. Seules, celles qui luttent savent combien une petite lettre de quelque amie modes! e et inconnue a pu, en maintes occasions, renouveler leur force et ranimer leur courage. L'année qui commence sera assuré ment une année de grand travail. Tout nous le fait pressentir. Un courant extraordinaire semble agiter le monde pour le bien et pour le mal. Il est peu probable que l'année sera une de ces périodes d'arrêt qui semblent parfois paralyser les bras des combattants. Chacun sait aujourd'hui qu.'il faut avan cer, sous peine de reculer fatalement. Et puis, notre siècle vieillit et l'édi fice social tombe en décrépitude avec lui. Il nous faut une société nouvelle sur les bases de l'égalité vraie, non pas de cette égalité trompeuse qui dit à la femme: « Je suis tout, tu n'es que ce...