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Le Journal des femmes, 1 février 1894

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Le Journal des femmes
1 février 1894


Extrait du journal

LES FEMMES COMMERÇANTES Au moment ou le parti féminin est menacé d'une grande et douloureuse perte dans la personne d'une des plus illustres de ses adhérentes. Maria De raismes, une victoire, due en grande partie à ses efforts et à sa persévérance a été obtenue au Sénat. La proposition de loi, adoptée par la Chambre des dé putés, ayant pour but de conférer l'élec torat aux femmes pour l'élection aux tribunaux de commerce a été votée en première lecture par le Sénat. Remercions d'abord M. Jean Macé rapporteur, pour sa plaidoirie juste et éloquente en faveur des commerçan tes : « L'assimilation est complète, dit-il, des commerçantes aux commerçants dans tous les actes de leur vie commerciale. Elles sont soumises à toutes les charges de la profession : menace de faillite, de banque route, patente à payer. Est-il juste qu'elles soient aussi admises à jouir de tous les privilèges attachés à la profession, y com pris le droit de nommer les juges qui dé cideront de leurs différends entre elles et les commerçants? Gela personne ne le con teste, et le débat ne roule pas sur le fond même de la question. Il s'agit purement et simplement d'objections que je pourrais dire à côté. « Il y en a trois : Le rôle de la femme est dans la famille : elle doit y rester. Le droit de vote qu'on réclame pour elle est une nouveauté contraire à nos habitudes, à nos mœurs sociales; et enfin, quand on lui aura fait cette concession, elle en de mandera d'autres — c'est là, messieurs, la grosse objection. — M. de Marcère. — C'est la vraie. » Voilà le grand mot lâché ! On a peur d'aller plus loin qu'on ne le voudrait dans cette voie de la justice. Que nous sommes loin du vieux dicton de nos pères : Fais ce que dois, advienne que ;'pourra. — On voit très bien ici ce que l'on doit faire, mais pour ne pas céder on cherche les prétextes les plus illo giques, les plus puériles. M. Demole demande l'avis du gouvernement! M. Mazeau s'attache à une incorrection grammaticale! M. Dietz Monnin de mande à ajourner la discussion jusqu'au dépôt du rapport de la commission...
Le Journal des Femmes (1891-1911)

À propos

Le Journal des femmes est un hebdomadaire fondé en janvier 1891 par la militante féministe Maria Martin, qui en sera la directrice. Il prend la suite de La Citoyenne, fondée en 1881 par Hubertine Auclert, avec laquelle Martin a pris ses distances à la suite d’un désaccord. La publication revendique « organe du mouvement féminin » dans son sous-titre ; c’est ainsi qu’on y trouve principalement des articles portant sur la théorie féministe ainsi que sur l’actualité de ce mouvement.

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