Extrait du journal

Elle nous a quittés trop tôt pour voir proclamer les droits civils des femmes, mais ses derniers moments ont été illuminés par le succès du projet qui a passé en première lecture au Sénat. Elle a pu voir qu'elle n'avait pas tra vaillé en vain, et que, si la réus site n'est pas encore tout à fait obtenue, elle est certaine, et ne se fera pas longtemps attendre. Ses obsèques ont été une mani festation nationale. Toutes les Sociétés dont elle était membre, celle de l'Amélioration du sort de la femme dont elle était la fonda trice, la Solidarité des femmes, la Ligue du droit des femmes, et tant d'autres, toutes ont tenu à assister au complet et à lui offrir le dernier hommage qu'il nous soit permis de lui rendre. La Loge Maçonnique dont elle était la Vé nérable Fondatrice, suivait dans le cortège. Les discours nombreux qui ont été prononcés témoignent de l'af fection et de l'estime profonde dont elle était entourée. Nous femmes, nous ne pouvons aujourd'hui que pleurer sur sa tombe, mais n'oublions pas que le vrai moyen d'honorer nos chers morts est do continuer l'œuvre qu'ils ont commencée. Suivons ses pas, allons en avant pour obtenir cette égalité qui fut le rêve de sa vie. Avec ses dernières paroles, elle nous a recommandé l'union et la persévérance. Ne perdons pas le terrain qu'elle a gagné au prix de tant de luttes. Le plus beau mo nument que nous pourrions ériger à son souvenir, serait d'obtenir l'accomplissement de son vœu le plus cher: les droits égaux pour l'homme et pour la femme....