Extrait du journal

Elle souriait à tous : à son mari, un peu scandalisé de cette extravagance si dangereuse pour la « ligne » ; au basset, qui semblait enlise dans le bitume subitement ramolli par la chaleur ; au garçon, pour quelques instants raccommodé avec « ces femmes d'aujourd'hui qui se privent de tout » ; aux oiseaux qui plongeaient dans les arbres ; aux passants ; aux invités d'un grand repas de famille, venus sans doute se donner là, dès avant le festin, une petite excitation charmante à voir s'épanouir sur leurs visages bien rasés. Elle allait partir dans une heure pour « ses grandes vacances », elle le répétait sans cesse et à très haute voix, de manière que tous les consommateurs du voisinage pussent participer à son exaltation. Je prie que l'on me croie. Je n'ajoute rien à la scène et d'ailleurs, étant moi-même sur le point de partir, j'admirais comme le hasard servait à point mon projet de peindre, à la saison heureuse, les femmes en liberté....