Extrait du journal

Les gens de lettres et les artistes français, qui ont passé la frontière et séjour- né dans quelques-unes des capitales de l'Europe, reviennent tous en se louant de l'accueil cordial et largement hospitalier que leur ont fait leurs camarades de l'étranger. A Londres comme à Copenhague, en Suède comme en Belgique et en Hollande, ils ont trouvé, à leur arrivée, des confrères qui les recevaient à bras ouverts et les fêtaient dans leurs Cercles, véritables palais luxueuxet confortables où, le seuil à peine franchi, on se sent chez soi, entoure de figures amies, dans un milieu compréhensif et sympathique. Pour ma part, je me rappelle toujours, avec une joyeuse gratitude, l'hospitalité des Cercles artistiques çt littéraires de Bruxelles, d'Anvers, d'Amsterdam et de La Haye, à l'époque où, conduit par une bonne étoile, j'allais conférencier en Belgique et en Hollande. v Bien souvent, j'aime à évoquer, dans ma mémoire, les visages souriants de mes hôtes flamands ou néerlandais, les joviales agapes qui suivaient la conférence, les gais et plantureux soupers d'une intimité si charmante, d'un intérêt si captivant, d'une aménité si exquise. Bien des fois, je forme le souhait de revoir, en France, ces amis d'autrefois ; mais, tout en le formant, je me sens saisi d'une vague inquiétude et je m'avoue humblement que, si j'avais la chance de recevoir leur visite, je serais peut-être embarrassé de leur rendre, avec le même degré de confort, d'intimité et de charme, l'hospitalité qu'ils m'ont si gracieusement offerte....