Extrait du journal

Et allez donc ! Les soleils sont éteints, la rizière desséchée, la forêt nettoyée de l'humus millénaire. Une douzaine de hauts personnages habitent des logis de pierre et de brique ? On loge à la même enseigne la masse des broussards, qui ne sont abrités que de paillote ou de, tôle ondulée ! Le ravitaillement facile ? A vingt, trente jours de la côte, — les pommes de terre ou l'eau minérale montent en pirogue par colis de quelques kilos ! Des théâtres? Il y-en a deux, à Saïgon, à Hanoï, qui n'achèvent pas la saison, terminée en régie, le plus souvent. Une existence mondaine et luxueuse ? Interrogez les commerçants, ruinés par la sagesse des ménagères, qui débarquent avec leurs approvisionnements d'e France, font venir leurs emplettes de Paris ! Mais qu'ai-je besoin du témoignage d'autrui ! A mon premier soir de Saïgon; j'ai vu la sortie du théâtre, la foule pâle comme les vestes et les robes blanches. A travers l'ln do-Chine, pas une fois je ne me suis assis à unetable hospitalière sans apercevoir les bocaux de quinine et de bicarbonate, les flacons et les boîtes pharmaceutiques....