Extrait du journal

Le passage de l'ancien régime au nouveau avait été favorable à leur recrutement, à leurs entreprises et à leur impunité. Ils ne cherchaient dans les forêts qu'un refuge momentané et ne se masquaient ou ne se noircissaient le visage que pour piller, incendier, torturer et massacrer. Autrement, ils se mêlaient à la population, portaient la cocarde patriotique, criaient : Vive la Nation ! détournaient d'eux tout soupçon. Ils étaient marchands forains, valets de ferme, ca'baret\ers, bûcherons. Ils excellaient à se déguiser pour préparer leurs expéditions, prendre contact avec leurs victimes, leur inspirer confiance. Le coup fait, le butin partagé, ils reparaissaient au milieu de leurs concitoyens avec la plus tranquille assurance et, quand par hasard ceux-ci se doutaient de quelque chose, telle était la terreur que répandaient les misérables, que nul n'eût osé...