Extrait du journal

jouets délicats et surannés, bibles, bottes de voyage, tableaux et gravures, antiques étoffes servant de courtes-pointes pour recouvrir les berceaux que balance le pied berceur de la nourrice, poêles de faïence à paysages bleus qui sont les monuments de ces pièces protégées par les lambris contre les sévérités de l'hiver germanique, cela et mille objets, rien ne manque à révocation des temps, sinon la parole des morts. On salue d'ailleurs ces personnages défunts dans les cadres de leurs portraits ; on cause avec leur science en parcourant les manuscrits déroulés sur les tables, en ouvrant les vieux tomes alignés sur les bahuts. On communiera même aux transes de leur sensibilité si la main ose frapper les touches du bizarre clavecin, ou faire, avec l'archet, frémir l'âme endormie de la guiterne, du rebec et du violon. Dans la nef de cette église, des tentes se dressent qu'encombrent les armes des Suisses, alors entraînés par les rois de France aux combats d'Italie : ce sont leurs caronades, et leurs hallebardes, leurs étendards et leurs tambours armoriés, leurs arquebuses à rouet tt leurs épées à deux mains ; ce sont leurs uniformes sur des statues de sentinelles....