Extrait du journal

, La première règle de l'observateur de la vie contemporaine me paraît être de ne donner qu'une importance fort relative aux choses dont tout le monde parle et de porter son attention sur les faits qui passent inaperçus. A ce titre, je m'arrête sur un jugement rendu par une chambre civile de notre Palais, dans un procès qui tournait autour d'une somme insignifiante et mettait en cause des person" nes inconnues, dont il n'est pas nécessaire de dire les noms. L'aventure, en soi, est de la dernière vulgarité. Un monsieur quelconque vit pendant une douzaine d'années en concubinage avec une femme: de ce concubinage, comme disent les magistrats ; de cette liaison, selon le mot des gens bien élevés ; de ce (('.ollage», comme prononce l'argot de Paris, naissent deux enfants. Puis le monsieur quelconque - oh ! combien quelconque - se marie. Dès lors, il ne s'occupe plus de ses enfants, qui ,peuvent. bien mourir de faim si ça leur plaît. Ça rcnnuyait, ce monsieur, de donner à manger a ses batards. La mère des enfants abandonnés ne perd pas la tête. Elle ne fait pas de scandale. Elle ne s'arme pas du classique et imbécile bol. de vitriol. Elle fait cette chose, plus neuve eL plus hardie, de s adresser aux juges. Elle expose que si le...