Extrait du journal

Victor Hugo s'est amusé un jour d décrire les angoisses qui se heurtaient dans la tête de l'un de ses personnages, et avec legrossissement habituel de son style, il a appelé cela: Une tempête sous un crâne ». J'imagine que M. de Bismarck nous offrirait un spectacle autrement tragique,1 s'il consentait à s'ouvrir au monde des visions qui l'obsèdent, et à nous révéler, dans sa sincérité poignante, le tumulte intime de ses amertumes, de ses découragements, de ses conspirations, de ses doutes et de ses terreurs. Ce n'est pas qu'il soit d'humeur dissimulée. 11 a mis, au contraire, une sorte d'orgueil à crier toujours, avant même qu'on l'interrogeât, ses idées, ses sentiments et ,ses desseins, et cette nouveauté n'a pas laissé d'être un des principaux éléments de sa force, On ne pouvait moins qu'admirer un homme qui disait si crûment ce qu'il entendait faire, et l'opinion publique, qui sera la dupe éternelle »de tous les charlatanismes, prenait pour le signe même de sa puissance le fracas qu'il mettait à l'annoncer. Cette affectation de brutalité était calculée dans ses effets; d'une disposition native chez le hobereau poméramenf le diplomate avait 'su faire une rouerie....