Extrait du journal

Première séance dé la nouvelle législature. Déjà, dans cette salle de la Paix qui est comme l'antichambre du PalaisBourbon, on peut mesurer l'importance de l'événement. Jamais je ne l'ai vue plus grouillante, plus envahie, plus houleuse, ni surtout plus joyeuse. Que de serrements de mains, que d'étreintes, que de félicitations. Les quelques vaincus qui se promènent dans cette victoire passent inaperçus avec la consolation rapide d'une tape amicale sur l'épaule '«Mon pauvre vieux Comment cela s'est-il fait ?. Moi qui croyais 1. Mais tu étais imbattable 1 Et l'autre répond '« Des manœuvres infâmes. une calomnie de la dernière heure. J'ai été lâché par. » Maïs déjà il n'a plus d'interlocuteur. on ne l'entend plus. En vain celui-là, la figure morose,, les épaules rondes, s'agrippe-t-il à quelque groupe, déplorant son malheur, travaillant déjà pour l'invalidation du concurrent heureux. On ne le connaît plus. Il n'y a ) de place, on ne fait de place, là, qu'aux élus. Et c'est la note dominante'de cette journée, dans la coulisse parlementaire la joie d'en être, la satisfaction truculente de n'avoïrpoint été blackboulé. Les élus et les réélus des partis extrêmes en oublient la bataille de demain, se sourient, se congratulent même, traversent la foule bras dessus, bras dessous, on se fait des politesses ainsi, pour citer deux noms qui me feront comprendre, Mi. Ferdinand Buisson et M. l'abbé Gaytaud.....