Extrait du journal

Par contre, dès que j'ai décroché mon récepteur, des mugissements tempétueux résonnent dans mon tympan on dirait que tous les vents de l'océan se sont réunis sur la ligne pour y jouer leur, symphonie. Puis, soudain, des décharges électriques vous éclatent dans les oreilles ce n'est rien, c'est le courant qui rachète la faiblesse de sa sonnerie par la vigueur de ses pétarades. Mais, me direz-vous, il y a la petite lampe rouge qui brûle pendant que vous parlèz et empêche qu'on dérange votre communication. Ah. bien f oui, parlons-en de là' petite lampe. Elle a la même valeur lumineuse que les fameux istaipHôns que M. Viviani veut décrocher dans le ciel. Je n'af pas encore eu une seule communication sans que la demoiselle se soit portée dix fois sur ma ligne:, «Fini Terminé Je coupe. » L'autre jour,, même,, nous ijous sommes trouvées jusqu'à sept personnes sur la même; ligne, parlant toutes à la fois. On se serait cru-à à un congrès radical, et si les, lampes rouges marchaient bien, ce devait être, je vous 'le jure, une superbe .Illtfmmation. ,Et alors,- autrefois, quand pareille mésaventure arrivait, vous aviez la resseurcé dé sonner le bureau, de taper,rageusement sur votre bouton d'appel. Cela vous' détendait, vous calmait les nerfs. Mais, maintenant, on ne*sonne plus le bureau, on ne tape plus le bouton d'appel. Il est mort, le bouton d'appel, il- est inerte. Et vous êtes inerte comme lui, vous êtes réduit, à l'impuissance. Si on vous a donné un mauvais numéro, ou vous a coupé, ou si vous êtes trente sur la ligne, rien à lire. rien à....