Extrait du journal

ÉDUGâTION PHYSIQUE De mon temps aussi, c'étaient les Cubains, les Chiliens, les Haïtiens qui décrochaient, au lycée, les premiers prix de gymnastique. Le Chinois scolaire n'était pas encore inventé; sans cela, il eût brillé sur les trapèzes. Je ne sais pourquoi les jeunes Français bien nés, au rebours de leurs an^cêh'es intellectuels, les Athéniens, ont toujours 'professé quelque dédain, non pour les exercices physiques, mais pour les récompenses qu'ils procurent. Le poète, Pindare, qui, moyennant finances, chantait en vers immortels les beaux lutteurs aux reins frottés d'huile, les coureurs aux pieds légers, les boxeurs* aux poings d'acier, n'eût pas fait fortune chez nous, à moins qu'il n'eût appliqué spn industrie a la gloire des chevaux de cburse et de leurs propriétaires, où bien éncore à celle des automobilistes ou des cyclistes. Car, en notre pays, il semble qu'on attache moins de mérite au perfectionnement du corps humain qu'à celui des animaux ou des machines: II n'en va pas de même en Angleterre. Les grandes universités d'Oxford et de Cambridge sont devenues, avant tout, des écoles de sport. On s'y occupe un peu de haute littérature, de droit, de théologie. C'est le loisir, la récréation, le passe-temps. La grande affaire, le principal sujet d'émulation, c'est le yachting ou le foot-ball. J'ai assisté, naguère, à un match de cricket entre Oxford et Cambridge. Solennité nationale, autrement palpitante que notre Concours général entre les lycées de Paris et de France. Toute la nation avait les yeux fixés sur les concurrents. Ils étaient superbes en leur structure athlétique. Jeunes lords, futurs hommes d'Etat, futurs évoques, déployaient à l'envi un luxe de muscles et de jarrets. Une balle bien lancée, mieux renvoyée, un wickét héroïquement défendu, soulevaient autant d'enthousiasme qu'une victoire de lord Kitchener ou qu'un discours de M. Chamberlain....