Extrait du journal

Sa mère l'a bien davantage encore. t/air, l'eau, les. aliments, « et tout ce ;qu'on entend, l'on voit ou l'on respire », pourparler comme le poète, lui inspire, à elle et aux siens, un insurmontable effroi. Nouveaux Manè, Thécel; Pharès, lés mots de bactéries, bacilles, microcoques, lui apparaissent écrits partout en lettres de feu c'est une obsession. Je ne la critique point, cette maman dont l'espèce est si fréquente. Cette phoibie du microbe, n'est-ce pas un peu nous, médecins, qui l'avons semée ? Mais il ne faut pas non plus se montrer trop ingrat envers la mère Nature, si bonne, si vigilante, si ingénieuse toujours, dès qu'il s'agit d'écarter les embûches dressées sous nos pas. Notre Credo scientifique n'a peut-être pas fait assez de place à la Rédemption de l'arbre de la science du Bien e1 du Mal, nous avons trop montré les mauvais fruits, alors qu'il en est tant de bons. agglomérations urbaines, plus nombreux que les sables de la mer. A Paris, un mètre cube d'air de la place SaintGervais tient en suspension 6,975 bactéries. On en a trouvé 36,000 dans une vieille maison, 4,500 seulement dans une maison neuve, toujours par mètre cube. Le nombre varie avec les saisons 170 en hiver, 205 au printemps, 345 en été; 195 en automne. Ces chiffres augmentent au moment des épidémies et diminuent avec elles. Dans les poussières de la rue, des salles de spectacle ou des appartements, c'est pis encore, et nous atteignons des taux fantastiques, qui vont de 1,500,000 à 3 millions par gramrùe. Si l'on songe qu'un seul bacille, dans de bonnes conditions de végétation, peut, en se multipliant, aller, en trois jours, au chiffre formidable de 6 mille milliards, on se demande comment, sur la planète, des êtres vivants peuvent grandir et prospérer. Chaque inspiration amène dans notre organisme près de 600 germes,.dont quelquesuns très nuisibles. A ce compte, la moindre promenade, de la Madeleinq à l'Opéra, devrait, sans parler des abîmas creuaés à chaque carrefour pour le Métropoliiain, nous être fatale.....