Extrait du journal

Vous avez lu la nouvellé, l'autre matin. oh peu de chose! Le conseil municipal de Paris a en ce moment à l'étude un petit projet insignifiant il coupe la Seine en biais d'un pont, éventre un arrondissement exige une centaine de millions' et remporte la démolition de J'Institut,de France. Quand je vous le disais, il s'agit d'un rien! Paraît que/'est la faute à la rue de Rennes. El}/ éprouve le besoin d'être prolongée./et rien n'est plus terrible qu'une r/è qui a besoin d'être prolongée. :pour satisfaire à ce besoin, elle taille, -/Coupe et tue tout ce qui l'entoure;' elle éventre les monuments les plus glorieux et écharpe les édifices les plus respectables; elle fait saccager lespans de murs les plus historiques et saigner les arbres les plus séculaires, est sans pitié, ni foi, ni loi. La rue de Rennes, elle, a juré, de se montrer plus intraitable encore que les, I autres cinq cents mètres de bâtisses, d'immeubles et de caravansérails, ne; suffisent pas à sa gloutonnerie. Elle a. "soif du sang-de l'Institut de France. Pourquoi? Comment? Je ne saurais vous le dire. Mais voici trente-deux ans qu'elle médite son èoup; car, sur un plan administratif dressé par la Ville de Paris en 1870, et dû sans doute au génie démolisseur de M. Haussmann, un pointillé indiquait déjà que la rue de Rennes couperait en deux le vieux palais du Savoir, à l'endroit précis où M.Berthelot, aujourd'hui, se penche sur les cornues de son laboratoire et où M. Sully-Prudhomme incline sa tête neigeuse sur les pages éternelles du Dictionnaire....