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Le Matin, 4 juillet 1901

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Le Matin
4 juillet 1901


Extrait du journal

On a discuté l'autre jour la belle guerre que nous faisons là-bas. Le sujet est trop grave pour qu'il ne soit pas nécessaire d'en dire son avis. Deux questions étaient posées Que faisons-nous là-bas ? et comment le faisons-nous Ce que nous faisons ? Nous soutenons les missionnaires. Et comment ? Par les procédés de massacre et de pillage les plus dignes tfuira nation barbare. Je sais bien que nombre dé gens nous répètent gravement qu'en dehors de toute opinion politique et religieuse, le protectorat des missionnaires est un dés éléments essentiels de l'influence française au dehors. Gambetta a même énoncé un jour cette absurdité. Non qu'il en fût dupe, assurément mais il préparait la navrante évolution qui a gâché les dernières années de sa vie. C'était le moment où il déclarait vouloir fonder en France un « grand parti tory », lui dont la gloire é ait attachée à l'idée contraire. En somme, que répondre au raisonnement deSenibat, qnand; dans son très beau discours, il disait « Supposez un ministre chinois fanatique du gouvernement français il considère notre politique comme admirable de tous points; il est résolu à expulser les jésuites, comme M. WaldeckRousseau. Et M. Waldeck-Rousseau lui répond 'en l'obligeant, à coups de canon, à subir les mêmes religieux que la France chasse de chez elle » Cette politique est deux fois insoutenable. Supposons un pays dévot, comme l'Angleterre ou la Russie. Il saura qu en mêlant à ses entreprises extérieures une œuvre de propagande religieuse, il compromet gravement ses intérêts matériels. Il est clair qu'une minorité infime, comme les chrétiens de Chine ou du Levant, ne peut pas mettre au service d'une grande puisstance européenne une influence sérieuse, puisqu'elle est elle-même sans force. C'est la grande puissance d'Europe qui, prenant leur cause en mains, dépense pour eux sa force à elle, non sans blessep; les convictions et les susceptibilités de la grande masse du pays. Nous le savons si bien nous-mêmes,que dans les pays que nous possédons, comme l'Algérie musulmane, nous ne tolérerions pas la propagande catholique que nous entendons imposer à la Chine, certains que nous 'somnies que nous provoquerions en le faisant une prompte insurrection. Et il tombe sous le sens que, du moment que nous épuisons notre influence au profit de la propagande catholique, il ne nous en reste plus pour défendre les intérêts matériels de notre commerce et de notre industrie....

À propos

Lancé en 1883 sur le modèle du quotidien britannique le Morning News, Le Matin se revendiquait être un journal novateur, « à l’américaine ». Son directeur Alfred Edwards entendait donner « priorité à la nouvelle sur l’éditorial, à l’écho sur la chronique, au reportage sur le commentaire ».

 
 
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