Extrait du journal

3 septembre au soir C'est la défaite, l'irrémédiable défaite. L'armée a capitulé à Sedan. Pour la première fois dans l'Histoire, cent mille Français ont déposé leurs armes. Entre les Prussiens et Paris, il n'y a plus rien, rien que des gardes nationaux à qui le pouvoir soupçonneux a refusé des fusils. Le crime est consommé, la France est vaincue. Après 1814, après 1815, la troisième invasion. Quel est ce gamin qui cric, dans la rue « La famille Bonaparte ou le guide de l'étranger en Francc » Tu ris, gamin! 1 Ris, mon garçon, tu pleureras du sang! La nuit est venue. La terrible nouvelle commence à se répandre. On ne connaît point encore les détails. On sait seulement que l'armée a été battue, écrasée à Sedan, que Bonaparte est prisonnier. On sait que Bazaine n'a pas réussi a se faire jour, qu'il est bloqué dans Metz. Oh miséré de la confiance humaine éternelle naïveté que rien ne; lasse ni ne décourage, que rien n'instruit! On se dit «Bazaine nous reste; tout n'est pas perdu, son armée est intacte. Il n'a pas pu passer cette fois, mais demain, peutêtre, il passera! Demain, nous le verrons marchant au secours de Paris assiégé Pauvres gens, pendant que vous vous bercez de cette espérance, Bazaine seul, au grand quartier général de l'armée du Rhin, se proméne songeur « L'empereur prisonnier, murmure-t-il; MacMahon, blessé et prisonnier. son armée prisonnière. il n'y a plus que moi. il n'y a plus que mon armée, je suis le maître de la situation. je suis l'arbitre des destinées de la France. Bazaine, régent! pourquoi pas? Oui, cela ferait bien...