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Le Matin, 6 avril 1912

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Le Matin
6 avril 1912


Extrait du journal

L'éclipse de soleil du 17 avril prochain commence à tenir dans les conversations de la ville presque autant de place que le dernier cambriolage pu le prochain vaudeville. C'est un signe admirable des progrès faits dans' le public par l'esprit scientifique. Je sais bien que dans lepassé les éclipses soulevèrent toujours une.forte éraotion, -imais elle n'avait rien. de noble ni de désintéressé, car les peuples ne voyaient alors dans les occultations du soleil par la lune que les signes avant-coureurs de mille calamités venues d'en haut. Aujourd'hui nous savons que le caprice et 'a fantaisie n'ont pas de place dans la conduite de l'univers celui-ci est un gouvernement non pas autocratique et arbitraire, mais constitutionnel, etnullepuissance ne peut faire dévier les lois immuables et fatales qui seules y sont souveraines. Et c'est pourquoi la prochaine éclipse n'éveillera sans' doute nulle terreur panique, mais seulement une calme et saine curiosité. La carte ci-dessus, dressée d'après les calculs du Bureau des longitudes, représente aussi exactement que possible les régions traversées en France par la ligne centrale de l'éolipse. J'ai figuré sur cette carte la ligne centrale par un trait dont la largeur variable figure en vraie grandeur l'étendue de terrain sur laquelle J'éclipse sera totale d'après les calculs français. On voit que cette zone de tota,lité a'environ 3 kilomètres de large au sud des Sables d'Olonne, 1.600 -mètres seulement au-dessus de Paris, et qu'elle s'annule aux environs de Liége, où l'éclipse devient annulaire. a mesure qu'on se dirige vers l'est, et la centralité se produit environ un quart d'heure plus tard à la frontière de l'est que sur l'océan. C'est là un fait absolument général dans toutes les éclipses solaires, le cône d'ombre de la lune se propage de l'ouest à l'est. La raison en est simple on sait que la lune se lève chaque, jour environ une heure plus tard que la veille elle a donc par rapport...

À propos

Lancé en 1883 sur le modèle du quotidien britannique le Morning News, Le Matin se revendiquait être un journal novateur, « à l’américaine ». Son directeur Alfred Edwards entendait donner « priorité à la nouvelle sur l’éditorial, à l’écho sur la chronique, au reportage sur le commentaire ».

 
 
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