Extrait du journal

Depuis longtemps, monsieur, ces 'damnés Allemands seraient par terre si les braves peuples alliés étaient conduits comme ils le méritent. Il n'en est rien. et Kipling vous dira que des lions se feraient siffler dans la jungle si, pour détruire une bande de loups, ils acceptaient d'être dirigés comme nous le sommes. Est-ce que l'audace et la décision vont être du côté des Turcs, maintenant ? Autrefois, nous autres Anglais et vous autres Français, nous passion pour d'audacieuses et insolentes personnes. Aujourd'hui nous laissons mener cette affaire comme le procès Iarndyee contre Iarndyce, qui a traîné cent ans dans la poussière des chancelleries. Finissons-en avec ce système et, une fois .pour toutes, exigeons l'unité de plan et d'action. En France, vous pouvez beaucoup pour* ce résultat c'est vous qui souffrez le plus de la guerre, vous avez le droit de parler haut. Sachez. qu'en Angleterre vous possédez l'estime de toute la nation, et sachez aussi, quand vous voudrez nous persuader, qu'il ne faut pas, avec nous, s'égarer dans des politesses. Nous avons des peaux de rhinocéros, et quand on veut se faire comprendre par un rhinocéros on ne lui passe pas la main sur le dos, il faut un geste un peu plus rude 1 Enfin, n'oubliez pas, quels que soient les événements, les circonstances de la lutte, qu'il n'y a place en Angleterre que pour un gouvernement de plus en plus vigoureux, implacable dans la poursuite de la guerre, et lié avec la France indissolublement. En poursuivant ma visite, j'allais constater partout la vérité de ces paroles partout j'allais voir avec une clarté- d'évidence combien ces deux sentiments la colère contre l'Allemagne et l'estime pour notre pays, ont pris possession de l'âme anglaise. Cela se sent à des nuances, au ton de respect avec lequel le premier venu parle de la France, alors qu'autrefois (et même aux plus beaux jours de l'Entente cordiale) l'Anglais orgueilleux ne parvenait pas à se départir à notre égard d'un certain ton de supériorité. Quant à la volonté inflexible de vaincre, jamais elle ne m'était apparue plus émouvante que dans certaine usine du Warwickshire....