Extrait du journal

Certaines provinces se dépeuplent IL FAUT DONNER AUX UNES CE QUE D'AUTRES ONT EN TROP Tous tes déserts ne sont pas dans la brousse africaine ou sur les plateaux d'Asie. Nous avons nos déserts de France, qui s'élargissent chaque jour, non pas seulement, ni surtout, ceux que nous devons à la barbarie allemande, dans notre Nord dévasté, mais ceux aussi qui sont, hélas le fait des Français euxVoici de vieilles provinces, chargées de souvenirs, lourdes d'histoire et de gloire, Gascogne, Agenais, Béarn, Quercy, Languedoc, d'où la vie s'en va, plus ou moins vite, comme d'un corps qu'une hémorragie lente vide de sang. Toute la belle région que la Garonne ceinture d'argent, tout-le riche Sud-Ouest, aux plaines fertiles, aux coteaux à vigne et blé, tout ce pays où l'on a si bien savouré jadis, et.trop peut-être, la molle douceur de vivre, est, depuis longtemps, mais aujourd'hui plus que jamais, en train de se dépeupler. Les métairies isolées se ferment. Oh la tristesse de ces maisons mortes, aux portes déjetées, aux volets mal clos, d'où ne sourd plus la rumeur familière du travail, auquel bêtes et gens collaboraient, du même effort. Dans les hameaux, l'une après l'autre, les, masures, inhabitées s'effondrent. Les feux s'éteignent,- un a un, dans les villages qui se rapetissent. -Et la tricha gagne, bien que ceux qui res-' tent luttent encore héroïquement, car on a tort de les croire figés dans une fataliste inertie. Tout de même, ils finissént par se décourager, parce que le combat est inégal, que les bras manquent, qu'ils ne savent où trouver et comment payer la main-d'œuvre, toujours plus rare et plus chère, parce qu'ils voient bien que demain il faudra rétrécir la culture, -amputer les labours, diminuer la production....