Extrait du journal

Ces oisifs de villages, ce sont des solHats qui, il ,y a une semaine, se battaient sous Verdun. Le commandement leur donne la petite halte de repos que réclament leurs yeux aveuglés, leurs oreilles qui tintent, leurs, nerfs prêts à craquer. La pluie et la bowe les ont si bien fondus dans la couleur du sol qu'ils ont moins l'air d'être des hommes que de la terre qui marche. Mais quel souffle d'héroïsme a gonflé ce limon-là. Et sur les ruines du Vieux Monde préparé une création nouvelle On voudrait les arrêter ces poilus de Verdun, les serrer dans ses bras. On va trop vite et il fait trop nuit. Il faut se contenter de saluer ces ombres qui circulent dans i'ombre. Voici pourtant quelques portes entrebâillées. Derrière de longues tablées, autour desquelles les poilus se pressent sur des bancs, entre des lueurs de cbandelles, ils prennent leur repas du scir, dans une clarté hésitante de ronde de nuit. Ce n'est qu'un éclair sur des faces inoubliables. On songe à ces personuages de pierre que le moyen âge a sculpté au front de ses cathédrales....