Extrait du journal

LONDRES, 8 septembre Par téléphone.- Quelle étrange salle de séances que cette salle de Westminster Elle offre un curieux mélange de tribunal moyenageux et de terrain de sport. Le. speaker, avec sa perruque poudrée et sa robe noire les gros recueils avec la Bible et la lourde Masse d'or déposée sur une table massive évoquent le tribunal. Et les banquettes dressées face à face, de manière que les équipes adverses qui les occupent se, regardent les yeux dans les yeux, évoquent le terrain de sport. Elles p1ogaient aujourd'hui, ces banquettes trop étroites, sous la='multitude des corps.. ,3,, A droite du speaker était rangée l'armée ministérielle nationale gauche l'armée de l'opposition travailliste. Entre les deux armées pas dé contact possible, comme dans nos hémicycles parlementaires d'Europe. La table avec la Bible et la Masse d'or les sépare comme un fossé. Cette table est la vraie tribune c'est vers elle que s'avancent les -chefs de camp pour jeter leur défi. Quant aux simples soldats, ils combattent par la parole, de leur place. La curiosité historique du jour était le dispositif des commandants de troupes. La dernière fois que la Chambre des communes avait siégé, M. Ramsay MacDonald était assis sur la première banquette de droite, ayant à ses côtés, MM. Henderson et Snowden et, derrière lui, ses légions travaillistes. M. Stanley Baldwin et Sir Herbert Samuel faisaient visà-vis de l'autre côté du fossé avec leurs bataillons conservateurs et libéraux. Aujourd'hui, M. Ramsay MacDonald était bien assis à la même place avec son fidèle M. Snowden, mais il avait; à ses côtés, ses adversaires de la veille M. Stanley Baldwin et Sir Herbert Samuel et il avait, derrière lui, les bataillons conservateurs et libéraux. Par contre M. Henderson et la masse de l'armée travailliste avaient passé de l'autre côté. Extraordinaire volte-face et telle que les boiseries séculaire de Westminster n'en virent jamais au cours de longue histoire. A trois heures, tout le monde était en place et après que le speaker eut lu, dans un silence solennel, le 'brei message du-roi, recommandant à ses fidèles Communes de voter les taxes et économies que la situation des finances nationales rendait nécessaires, M. Ramsay MacDonald se dressa à son banc pâle et ému. M. MacDonald...