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Le Matin, 1 juillet 1912

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Le Matin
1 juillet 1912


Extrait du journal

Voyons ensuite l'impression physique que Bismarck produisit sur Jules Faore. Ce qui m'est bien plus difficile que d'essayer de reproduire cet entretien, c'est d'en faire comprendre le caractère étrange, formant un singulier contraste avec les circonstances terribles au milieu desquelles nous nous trouvions et tes émotions profondes qui m'agitaient. Dès le premier moment où nous nous sommes rencontrés, .119. de Bismarck s'est montré envers moi poli, je dirai même cordial. Son ton n'a cessé d'être calme, recueilli et exempt, de toute espèce d'intention .blessante et même d'animation. On devinait en lui un sentiment profond de sa puissance, quelque chose d'inflexible et de doux à la fois, une absence systématique de toute émotion comme de toute moralité. C'était le langage d'un maître cherchant dans sa propre force le serret de sa modération apparente. En me quittant à la HauteMaison, il m'd tendu la main que je n'ai pas cru pouvoir refuser. Il a insisté mais sobrement, pour que j'acceptasse l'bbspitalité au château de Perrières, et a paru comprendre mon refus bien que, malgré mon désir, l'expression que je lui ter donnée n'ait pas été exempte d'amer- 1 ë \)me. Le soir je l'ai retrouvé exactement V- même un bonhomme accablant, d'une grande simplicité, tolérant, presque affectueux et paraissant ne dire que la vérité. A mon arrivée, vers neuf heures, il s'est dérangé de son dîner qu'il commençait et m'a prié encore de le partager sans façon, comme il me l'offrait. Dans le cours de notre entretien, on a apporté deux grands gobelets d'argent où se trouvait du café. J'avais à peine reposé depuis mon départ de Paris. J'étais brisé par un amas de colères contenues qui se débattaient en moi comme une tempête prête à éclater. Mon cerveau était surchargé le café fut pour moi une telle tentation que je ne pus y résister, et dussent ceux qui m'attaquent faire de ma faiblesse un motif de condamnation, je bus la liqueur qui m'était offerte avec une grâce si opportune par un vainqueur abrupt dont je cherchais cependant à n'être pas la dupe....

À propos

Lancé en 1883 sur le modèle du quotidien britannique le Morning News, Le Matin se revendiquait être un journal novateur, « à l’américaine ». Son directeur Alfred Edwards entendait donner « priorité à la nouvelle sur l’éditorial, à l’écho sur la chronique, au reportage sur le commentaire ».

 
 
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