Extrait du journal

II Pillïl M. Par quel excès de zèle pieux, des prélats, des abbés ou de simples chrétiens sans mandat et sans autorité spirituelle ont-ils donc cru devoir poursuivre, depuis tant d'années déjà, la a cause n de la béatiflcàtion, puis de la canonisation de Jeanne d'Arc ? La pauvre fille, aux humbles- pensées et au grand cour, qu'a-t-elle fait pour mériter, après son bûcher de Rouen, tant de procès en cour de Rome Est-ce qu'elle n'avait pas-; suffisamment prouvé son héroïsme,sans que des cardinaux et des évêques qui n'y entendent goutte se missent à éplucher sa vie, à peser ses exploits et à délibérer gravement sur le point de savoir si elle mérite d'être vénérée comme une sainte par d'autres hommes que ceux de notre race ? Qu'est-ce que cela nous fait qu'elle doive un jour figurer-sur le calendrier des Italiens, des Allemands, des Espagnols, et même comble d'honneur sur celui des Anglais ? Son nom, tout court, creusé dans la pierre, au pied d'une statue, sur les places de Domrémy, d'Orléans, de Bourges, de Reims, de Rouen et de Paris, cela ne suffit-il pas à sa gloire ? Et si nul ne lui adresse de vaines prières dans les temples chrétiens, ignorants encore de sa sainteté, n'a-t-on pas vu souvent plus d'un homme du peuple, plus d'une femme et plus d'un enfant regarder en passant son image et la saluer bonnement ? C'était sa gloire, sa gloire toute simple, et cependant immense, de faire battre le cœur de tous les braves gens à qui l'on racontait sa vie. Elle n'avait nul besoin de panégyriques prononcés devant le pape,' ni que la Congrégation des Rites homologuât ses vertus....