Extrait du journal

On nous dit, quelquefois, à nous, les gouvernementaux, les progressistes, qui sommes pour la politique de la charrue après les bœufs, on nous dit « Pourquoi donc restez-vous si calmes devant les violences de vos adversaires? Pourquoi, lorsqu'ils ̃- crient si fort, ne criez-vous pas plus fort qu'eux? Les partis hostiles à la République font un sabbat du diable; pourquoi ses défenseurs n'entrent-ils pas dans le concert, ne fût-ce- que pour y chanter juste? » Pourquoi ? Oh! mon Dieu, c'est bien simple. C'est que l'on ne crie jamais, que je sache, pour le plaisir-de crier c'est que l'on n'est pas violent pour le simple amour de l'art; c'est qu'à toute chose il faut sa raison d'être, et que je ne vois pas, en cherchant bien, à quel propos nous nous échaufferions, et pourquoi nous nous ferions du mauvais sang quand on peut s'en faire de si bon. J'ai entendu dire dans le midi, d'où nous viennent les plus beaux contes, l'histoire du paysan qui avait perdu son veau. C'était, dit la légende, un veau superbe, et le paysan l'adorait, comme on adore son veau dans le midi, d'un amour qui n'avait rien de platonique. Les plus belles choses ont le pira destin, chacun sait ça; un jour, le bonhomme vit rentrer des champs son fils pâle, défait, atterré. Il flaira un malheur Qu'est-ce done? s'écria-t-il. Le veau. Le veau estperdu! gémit l'enfant. --Perdu! misérable, et tu ne jures pas: -Tous deux, alors, se mirent à jurer, et l'histoire dit qu'ils furent soulagés, mais le veau n'en fnt pas moins perdu pour cela, et jamais plus, chacunen Camargue peut vous l'affirmer, il ne revint dans le pays....