Extrait du journal

L'idée que j'ai émise, il y a une quarantaine d'années, de creuser un puits d'exploration aussi profondément que possible vient d'être reprise et discutée en France et à l'étranger, et l'on m'a fait l'honneur de me demander sur ce sujet quelques explications. Je commence par avouer que je n'ai jamais vu là qu'une idée pure, selon la définition m.ême de Platon, « image, ou représentation d'une chose par l'esprit», et non pas un projet réalisable, étant donné l'état mental de l'humanité. C'est même là une idée aussi folle qu'audacieuse. Les hommes ont bien autre chose à faire qu'à chercher à connaître la constitution du globe qu'ils habitent et à obtenir quelques éclaircissements sur le problème géologique. Cependant, nous pouvons en causer un instant. Gela vaut bien l'affaire Steinheil, la Concours hippique ou la bénédiction liturgique des aérodromes, Et d'abord, posons comme point de départ que nous ne savons encore presque rien de la surface même de notre planète, sinon que la chaleur augmente à mesure que l'on descend. C'est par hasard, et non point par suite d'une étude spéciale, que le fait a été constaté. Les mmes souterraines, les tunnels à travers les montagnes l'ont universellement établi. Mais ce ne sont là que des égratignures dans l'épiderme du corps terrestre. On n'est pas encore descendu à plus de 2,000 mètres au-dessous du niveau moyen de la surface du globe. Or ce globe mesure 12,742 kilomètres de diamètre, c'est-à-dire qu'il y a 6,371 kilomètres d'ici au centre....