Extrait du journal

Depuis que M. Fallières a été porté au sommet du pouvoir, un souffle de colère a passé sur Nérac. Non point que les habitants de la jolie cité qui s'endort à la chanson mélancolique de la Baïse ne soient pas satisfaits de l'élection. Mais quoi! On a parlé de Mézin, oÙ il est né de Loupillon, où sont ses vignes. Des photographes sont accourus qui ont braque leur objectif minutieux sur cette maison et sur ces vignes, et même sur le collège où l'élève Fallières obtin t des accessits Et on n'a rien dit de Nérac! Et on n'a pas photographie Nérac Ils sont fous, tenez, dans ce Paris,! Je me suis promené dans la ville et ses faubourgs.- J'ai fréquenté les cafés et les lieux publics. Même et ceci n'est point un facile honneur.- j'ai ;été reçu au Grand Cercle, où des citoyens distingués se réunissent et discutent, entre deux écartés aventureux, bien longtemps après que le couvre-feu a plongé leur ville dans le silence. Partout j'ai recueilli les mêmes doléances.; Les Néracais ne sont pas contents, il faut qu'on le sache. Et ils's'expriment d'une voix irritée, à laquelle l'accent gascon ajoute son supplément de fureur...