Extrait du journal
Dans le cas actuel, on oublie ,que le bassin de la Seine, loin d'être dépouillé de forêts, en renferme, au contraire, de très Étendues. De plus, une bonne partie de ces massifs forestiers sont situés dans les hautes vallées des cours d'eau, précisément dans les régions où, d'après l'opinion courante, de vastes boisements sont nécessaires pour enrayer le développement des crues. Si donc les forêts possédaient réellement la propriété qu'on leur attribue de retenir les eaux pluviales, la quinzaine dernière elles auraient très mal rempli leur fonction, et on: serait fondé à les accuser, elles aussi, de sabotage. Elles n'ont, en- effet, rien retenu du tout. Le gonflement rapide des rivières, après chaque grosse pluie, en est la preuve. D'autre part, il y à dix siècles, alors que la France était pour ainsi dire couverte de bois, il'se produisait déjà des inondations aussi désastreuses qu'aujourd'hui. Mais sur cette importante question nous avons mieux que des raisonnements. Il y a plus d'un. demi-siècle, par de minutieuses expériences sur `deüx rivières du bassin de la Seine. Belgrahd a démontré que les forêts n'exercent pas la moindre action sur le régime des cours d'eau. Tout récemment, des séries d'observations exécutées en Autriche et en Allemagne ont confirmé d'une manière éclatante cette conclusion du célèbre hydrologiste trançais mais ce n'est pas une raison je m'empresse de l'ajouter pour laisser se poursuivre la dévastation de notre domaine forestier. A d'autres points de vue il est indispensable. Les inondations ne sont point la conséquence de l'économie destructive de J'homme elles sont engendrées uniquement par des phénomènes' météorologiques" et par les conditions géographi.ques-«t -géologiques des territoires sur lesquels ils s'exercent. Le bassin fluvial est-il constitué par des terrains imperméables, tels que le granit ou l'argile, et présente-t-il de fortes déclivités ? S'il reçoit des pluies torrentielles, en quelques heures, un flot redoutable naîtra. Telle est l'origine des terribles inondations de la Loire supérieure, de l'Allier, des torrents cévenols et des rapides montées de l'Yonne. Les rivières possèdentelles au contraire des pentes douces et traversent-elles principalement des terrains, perméables, comme c'est lie cas pour'la Seine, l'Aube, la Marne ? .Elles ont un régime calme et des crues lentes, généralement peu élevées. Si ces jours derniers notre fleuve est sorti de son caractère, c'est qu'au moment où des pluies diluviennes sont survenues, les terrains perméables se trouvaient déjà saturés par une copieuse pluviçsité. Aussi bien, de même que les zones imperméables, ils ont laissé les eaux ruisseler à leur surface, et toute cette masse liquide s'est précipitée vers le goulot de Maintenant à quelle cause attribuer ces pluies Peut-être à l'approche d'une période humide ? Le :climat est en effet soumis à des oscillations récurrentes. Ainsi pendant une série d'années, les sécheresses deviennent. fréquentes et prolongées, et les étés plus chauds; puis à ce cycle correspond une phasé de froid et d'humidité relatifs: Bref, l'allure générale de l'ensemble des phénomènes météorologiques se résume en une succession de vagues, dont les sommets représentent les périodes chaudes et les dépressions les séries froides. D1après Brûckner, le savant'autrichien qui le premier a mis en lumière ces oscillations climatériques, tous .le. trente-cinq ans apparaîtrait une phase numide et froide. La durée de ce cycle est contestée, mais le fait même semble certain. Les sources, les rivières, les lacs, les glaciers traduisent d'ailleurs d'une manière très apparente ces variations. Pendant une suite d'années, on voit le niveau des sources et des lacs s'élever, le débit des fleuves augmenter et. les glaciers s'étendre: après quoi, durant une période plus ou moins longue,se manifestent des phénomènes inverses. Pour la connaissance des variations climatériques, les oscillations glaciaires présentent un intérêt de premier ordre, en raison de la sensibitité de ces appareils aux influence^ atmosphériques. Il est clair en effet que leurs dimensions sont déterminées par les quantités de neige qu'ils reçoivent en hiver et surtout par la température de l'été. Cette saison est-elle chaude, ils fondent beaucoup, tandis qtfe si elle est froide, leur perte devient minime. Les glaciers peuvent donc être considérés comme des instruments enregistrant naturellement les manifestations météorologiques....
À propos
Lancé en 1883 sur le modèle du quotidien britannique le Morning News, Le Matin se revendiquait être un journal novateur, « à l’américaine ». Son directeur Alfred Edwards entendait donner « priorité à la nouvelle sur l’éditorial, à l’écho sur la chronique, au reportage sur le commentaire ».
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