Extrait du journal

Et c'est vrai que ces dépêches nous viennent de la côte de Faraman, dite « Côte Maudite », dite « Cimetière des Navires », où'la Russie, paquebot qui porte à son bor,d cent vies humaines, est en train de sombrer, à cause des conditions défectueuses du matériel de sauvetage. Et c'est toujours ainsi! Vraiment, quand on-lit ces lignes qui nous arrivent « le plus naturellement du monde » dé ce point de la côte méditerranéenne où déjà tant de drames maritimes se sont joués, avec des fins de cinquième acte si tragiques; ou, les navires sont si sûrs!' de leur perte que nul n'osé s'yr avérftil-i rer, pour peu qu'il y ait de la houle sur les eaux où les désastres furent si retentissants que chaque îlot de cette côte porte le nom d'un bâtiment qui y vint périr corps et biens, on est tout de même un peu étonné que la prévoyante administration n'ait pas songé à doter ces parages dangereux d'un matériel de sauvetage qui ne fût point défectueux! Et n'est-ce pas une chose affreuse que de voir l'héroïsme de ces marins du Carro qui, depuis quarante-huit heures, risquent leur vie dans une méchante barque pour sauver les malheureux qui vont périr à quelques mètres de la côte, parce que les moyens de sauvetage sont défectueux, parce que les étoupilles ne prennent point, parce qu'il n'y a pas de munitions pour les canons porte-amarres, parce que les filins livrés par l'administration des ponts et chaussées ont cassé...