Extrait du journal

De long d'un chemin poudreux, sanr glant, malavisé, et de tous côtés aux, balles de fusil exposé, les soldats de huit grandes puissances avançaient lentement, péniblement. La souffrance était grande plus grande encore était l'angoisse. Au détour de chaque rizière, on ramassait quelque cadavre de missionnaire horriblement, mutilé, quelque squelette de converti abominablement déchiqueté. On ne s'arrêtait pas, et toujours plus vite on marchait vers la capitale mandchoue, songeant à ces huit ministres, représentant les huit grandes puissances civilisées du globe, et dont l'un venait d'être assommé au coind'une rue comme un voleur à ces jeunes femmes qui, emprisonnées derri6re les murs d'une légation, entendaient les hurlements de mort d'une soldatesque déchaînée; à ces jeunes lilles qui voyaient par lés fenêtres des mains ignobles se tendre vers elles pour Ies saisir et les vouer à des brutalités De l'autre côté des mers, dans la vieille Europe, il régnait un silence solennel et profond. On avait oublié haines, rivalités et querelles. Tous les regards étaient anxieusement fixés vers l'Extrême-Orient toutes lés oreilles étaient tendues vers le Levant. On. s'était tu pour mieux entendre on retenait sa respiration pour mieux voir. Soudain, dans l'air pesant, il s'éleva un léger murmure. Une mouche survint par-delà l'Atlantique qui des puissances...