Extrait du journal

La question si complexe des aliénés criminels vientd'être remise en lumière ou, le mot est plus exact, en discussion par le procès du tueur de femmes, Vidal. Il y a deux ans, elle avait été posée d'une façon saisissante par le procès du berger Vacher, tueur de femmes, égorgeur de femmes plutôt. Vacher a été exécuté et Vidal a été condamné à mort. Je ne crois pas que le premier ait eu personne pour le défendre, et je ne vois pas, non plus, dans l'opinion ou dans la presse,,personne pour s'apitoyer sur le sort du second. Les médecins aliénistes sont les seuls qui invoquent des arguments en faveur de ces éventreurs etde ces tueurs qu'ils représentent comme des gens ne jouissant pas de la plénitude de leur bon sens. Si les aliénistes s'imaginent nous apprendre du nouveau par leurs longues déductions, ils se trompent: Et s'ils s'imaginent nous induire en indulgence, ils se méprennent. Peu nous chaut que les gens aient une case qui leur manque. Si c'était la fille du médecin aliéniste que Vidal eût rencontrée en chemin de fer et eût transpercée de son couteau de boucher, je ne crois pas me tromper en affirmant quele père eût été d'un autre avis que l'aliéniste. Tout homme qui tue, qui vole a une mentalité en discordance avec l'état social et, au fond, toute sa folie réside en cette discordance. Si .le fou s'occupe de la quadrature du cercle, cela m'est tout,àfait égal. Il ne nuit à personne. Mais s'il tourne sa mentalité altérée vers le meurtre, nous nous rebiffons. Le crime du fou n'est crime que parce qu'il met la société en péril. Si le fou accomplit des actes déraisonnables, mais non nuisibles, je n'ai rien à dire. C'est l'intérêt social qui commande la Solution....