Extrait du journal

Tout de même, il est difficile de' ne pas insister sur le scandale que, M. Abel Gardey a dénoncé à la tribune du Sénat. Qu'a dit le rapporteur général de la commission des finances. ? Il a dit que les allocations de chômage votées par le Parlement en faveur d'artistes qui chômaient et se trouvaient dans la misère étalent distribuées à des gens qui n'étaient pas artistes, qui n'étaient pas chômeurs et qui n'étaient pas d'ans la misère. Il a cité des exemples ici, de jeunes étudiants là, des locataires payant Jusqu'à' 12.000 francs de loyer plus loin, une cartomancienne on trouve même, parmi les prébendîers, là gérante d'un institut de beauté. Et .il. a donné des chiffres sur 170 dossiers examinés par les inspecteurs des! finances, il y en a 79 où les allocations étaient distribuées de façon abusive et fallacieuse. Dans toutes les arithmétiques v dû monde, cela représente, à peu de chose près, un dossier sur deux entaché de mensonge. Sur quoi, le Sénat a refusé en bloc tous les crédits demandés pour de nouvelles allocations aux c artistes > chômeurs. Bien. Très bien. Mais enfin ces allocations n'ont pas été attribuées par des êtres surnaturels qui se sont volatilisés dans l'éther. Il-y a bien quelqu'un en chair et en os qui a signé l'ordre de versement. Il y a bien quelqu'un de responsable. Lui a-t-pn demandé des explications ? A-t-on pris à son égard des sanctions ? A-t-an au moins fait restituer l'argent indûment perçu à r « artiste > 1 de'la cartomancie et à celle de l'institut de beauté ? A-t-on transmis les 79 dossie,rs au garde des sceaux doutes fins de droit », comme on dit au i fraudeurs du Trésor. Bs ne méritent, certes, aucun ménagement car ils frustrent le Trésor d'une tsomme à laquelle Il a droit mats les pilleurs du Trésor ne méritent guère plus de commisération, car ils prélèvent sur le Trésor une somme a i laquelle ils n'ont point droit. ̃ .Ceux-ci n'apportent pas à la v caisse commune ce qu'ils lui doivent, mais ceux-là vident la ] caisse commune qui ne leur doit rien. Les deux cas se va- 1 lent et on pourrait même faire 1 observer que le pillage du bud- 1 • get est un encouragement direct à, la fraude du budget. Pourquoi payerais-je, dit le fraudeur, si c'est pour fournir des subsides au pilleur ? Réprimez la fraude. Mais réprimez donc aussi le pillage. Et punissez non seulement ses bénéficiaires mais aussi ses ordonnateurs. Ce n'est pas seule- ] ment une question de justice et de morale c'est aussi une question de comptabilité et de 'gestion. Il y a, 'nous révèle le rapporteur général du budget au Sénat, 79 dossiers sur 170 d'allocations illégales.. Une belle proportion. Si elle est la même du haut en bas de l'échelle étatiste des secours, cela doit faire un joli total. Combien de millions cela peut-il représenter ?...