Extrait du journal

Voilà une affaire bien extraordinaire La révolution russe continue bien qu'on 'Fait avertie de Paris qu'on n'y comprenait plus goutte en France et que les /journaux du boulevard avaient cessé de: la commenter Oui, les agences ont tram; mis ici une dépêche de Paris qui ne cache point la façon de penser des Français nés logiques. Une révolution chez nous est une pièce bien ordonnée, une tragédie selon la règle de trois, des trois unités, des trois glorieuses. Tout cet horrible micmac slave ne ressemble à rien et l'esprit français se refuse à le comprendre comme, longtemps, il a rejeté Shakespeare. Tout de même, cela viendra qu'il comprenne, mais pour le moment nos fabricants de pièces révolutionnaires des ;bords de la Seine, quand ils regardent du côté de la Néva, en sont encore à r J'ai essayé déjà de, faire entendre que vtoute la complication vient ici de l'arriéé dead-heai à la révolution du Tiers^Etat et du prolétariat, événement plein jde confusion pour un cerveau français :qui garde la vision du faubourg Antoine ee battant pour l'unique édification d'un gouvernement bourgeois. Vous pensez bien que le compromis final et nécessaire :entre les intérêts des différents partis ré'volutionnaires, social-démocrates et libéraux, ne sera point établi après la ruine définitive du régime bureaucratique qui est loin d'être encore consommée sans d'affreux et préalables déchirements. Du mélange des intérêts et de leurs contradictions ressort cette apparence d'illogisme dans lequel l'Occident rationnel ne veut plus rien démêler. Cela vaut mieux, après tout, que de le voir tirer des événements actuels des conclusions ridicules. Et puis, nous n'en sommes encore qu'aux escarmouches même la lutte prodigieuse de Moscou n'est qu'un combat d'avant-garde la ligne de bataille ne se dessinera qu'au moment de la représentation nationale quelle qu'elle soit alors que le monde entier croira que tout est fini et que tout commencera....