Extrait du journal

Mon- cher percepteur, la fête a eu lieu, Vous y étiez. Vous assistiez aussi à la séance du conseil municipal, lorsque nous avons voté les 1.200 francs pour les réjouissances diverses. Veuillez donc me remettre l'argent pour que/ je puisse payer les dépenses effectuées. Voici mon reçu. Vous vous imaginez cela dans votre âme naïve. Et vous avez tort. Car, en réalité, les choses se passent comme suit. Mais je préfère laisser la parole au maire lui-même, M. de Gasté, président du syndicat des éleveurs de chevaux de sang en France, membre de la Société hippique française. maire depuis près de quarante ans de la commune de la Genevraye, dans l'Orne. Son récit, dépouillé .de phraséologie, est d'une saveur charmante. Le percepteur, s'appuyant sur les règlements, exige que le lui fournisse, pour chaque détail de la fête, des états quittancés, timbrés, signés, paraphés, jusqu'à concurrence de 1.200, francs. Il faut donc que 1e m'occupe de faire rédiper ces états, de les rédiger au besoin moi-même' et de les faire signer et quittancer par les marchands de lampions, les souffleurs de, mirliton. les péteux. qui ont grimpé au mât de cocâgne; tes gosses qui -ont participé à la course en sac, les coureurs de bicyclettes, les tenanciers du' Jeu de boules, le tout en bonne et due forme, certifié exact....