Extrait du journal

De Modane à Rome, c'est-à-dire sur un parcours de plus de 800 kilomètres, la voie était gardée militairement. Tous les douze cents mètres, sur un remblais ou près d'un pont, se profilait la silhouette d'un fantassin en tenue de campagne, fusil en main, cartouchière au côté. L'homme ainsi placé en sentinelle tournait le dos au train et, du haut d'un talus. fouillait l'horizon. Les gares, toutes les gares, avaient été vidées de leur contenu comme par un aspirateur invisible. Personne sur les quais, personne dans les salles d'attente, personne aux abords des stations, personne près des hangars de t. marchandises. Dans chaque wagon, deux agents de la Sûreté se tenaient aux portières de sortie des couloirs. Lorsque le train s'arrêtait, ces deux agents sautaient aussitôt à terre, à contre-voie, et montaient la garde autour du wagon. C'était la perfection dans la minutie....