Extrait du journal

Le peuple français se plaint d'être mal servi. C'est une question. Le certain, c'est qu'il l'est abondamment. Et voyez le progrès nous avons déjà deux cent mille fonctionnaires de plus qu'en 1914. Est-ce donc qu'il y aurait. eu une loi pour décider, tout d'un coup, la création de cette armée nouvelle. Eh que non pas. Le procédé aurait été plus net,. plus loyal, donc plus démocratique mais l'opinion publique se serait révoltée. Cet accroissement s'est opéré d'une façon insensible, comme ces dépôts d'alluvions qu'apporte, jour et nuit, le cours des eaux des fleuves. Chaque apport en lui-même paraissait insignifiant, léger, acceptable et c'est leS|£êul total qui est Impressionnant. 'De quoi s'agit- il encore aujourd'hui ? De rien, de presque rien c'est la même méthode anesthésique qui continue. On demande quelques postes nouveaux un directeur, 3 sousdirecteurs, 4 chefs de bureau, 9 sous-chefs de bureau, 25 rédacteurs, 61 auxiliaires. 2 inspecteurs généraux, 4 inspecteurs généraux adjoints, 2 attachés commerciaux, 68 secrétaires commerciaux. « Deux cents pauvres fonctionnaires qui s'ajoutent à six cent mille, l'apport est insignifiant, la situation est inchangée » Ce n'est pas mon avis. Le chameau marche avec son poids, dit un proverbe oriental ajoutez un bâton, il s'agenouille. Mais le plus grave, c'est le caractère comme fatal, inéluctable, non freinable, irréversible de cette marche ininterrompue vers une augmentation de la cohorte des agents publics....