PRÉCÉDENT

Le Matin, 14 décembre 1921

SUIVANT

URL invalide

Le Matin
14 décembre 1921


Extrait du journal

Nous avions pensé qu'en présence :d'un pareil état de choses que tous ceux qui cultivent le sol reconnaissent et déplorent parce qu'ils en seront les premières victimes les pouvoirs publics auraient immédiatement cherché et employé les moyens susceptibles d'en atténuer les terribles conséquences. Nous avons eu, en 1921, une récolte de blé extraordinaire aussi bien en qualité qu'en quantité c'est, du reste, la seule qui ait donné satisfaction aux cultivateurs. Or, en s'y prenant dès maintenant, c'est-à-dire en obligeant par un moyen ou par un autre, les minotiers à extraire et à livrer à la boulangerie toute la farine que contient le blé, en blutant à 75 au lieu de 65 on peut faire une économie d'au moins 10 qui viendrait combler dans la même mesure le déficit vraisemblablement considérable de la récolte de blé en 1922. Mais, en haut lieu, on ne voit sans doute pas les choses comme nous, car on ne paraît pas s'émouvoir de notre cri d'alarme. C'est pourquoi nous croyons devoir revenir à la charge, tant nos appréhensions sont fondées et graves. Malheureusement, il n'y a pas que la question du blé qui nous cause des inquiétudes. Le mal est beaucoup plus étendu pour notre agriculture et personne ne doit s'en désintéresser. L'année 1921 aura été en effet une très mauvaise année pour le cultivateur et surtout pour la grande culture. Si nous avons fait une bonne récolte de blé, celles, des avoines, fourrages, pommes de terre, racines, etc., ont été grandement déficitaires à cause de la sécheresse et nous avons dû vendre à vil prix notre bétail d'élevage et subir des pertes énormes sur les bêtes d'embouche, les poulains, les chevaux, etc. Et en outre, cette même sécheresse ayant tari les fosses et les puits, dans bien des fermes, depuis six mois, on emploie un ou deux chevaux avec' un homme pour aller chercher de l'eau à quatre ou cinqp, kilomètres et cela coûte au minimum 36 francs par jour. L'avenir est encore plus inquiétant, car nous sommes encore menacés de manquer de fourrages- l'an prochain. Dans bien des endroits, en effet, les graines de trèfle, luzerne, sainfoin, etc., semées au printemps dernier, ont été détruites par la prolongation de la séchéresse et même le trèfle incarnat, semé en août est bien compromis. A côté de cela, à part les engrais qui ont un peu diminué et qui se vendent encore le prix d'avant-guerr6 multiplié par 3 et 4, toutes nos dépenses d'exploitation restent aux prix les plus élevés. C'est à prix d'or que nous arrivons à nous procurer notre main-d'œuvre et surtout les filles de basse-cour que nous payons jusqu'à 300 francs par mois....

À propos

Lancé en 1883 sur le modèle du quotidien britannique le Morning News, Le Matin se revendiquait être un journal novateur, « à l’américaine ». Son directeur Alfred Edwards entendait donner « priorité à la nouvelle sur l’éditorial, à l’écho sur la chronique, au reportage sur le commentaire ».

 
 
En savoir plus
Données de classification
  • lenoir
  • viviani
  • leredu
  • guéné
  • hughes
  • cousty
  • jénouvrier
  • darru
  • briand
  • jamard
  • syrie
  • paris
  • france
  • bruxelles
  • genève
  • vatican
  • marseille
  • allemagne
  • serbie
  • albanie
  • la république
  • sénat
  • académie d'agriculture
  • union
  • parlement
  • assistance publique
  • conclusion