Extrait du journal

La fable nous enseigne qu'un infime moucheron rendit un lion furieux et le laissa finalement impuissant et vaincu. Il ne faut pas négliger les mouches ce sont des ennemis inlassables et extraordinairement dangereux. Chacun sait qu'elles sont agaçantes, fâcheuses, insupportables qu'elles sont malpropres et répugnantes qu'elles envahissent nos cuisines, nos salles à manger, et que, de leur vol impétueux, en bourdonniant, durant les après-midi d'été, elles se font un malin plaisir de venir troubler la languissante et molle somnolence de nos siestes. Si ce n'était encore que cela Mais la mouche, la mouche domestique, notre ennemie intime, est le véhicule de toutes les contagions elle peut, par sa piqûre, d'apparence bénigne, communiquer les germes des maladies les plus redoutables, tels que la diphtérie, la peste et le choléra. Ce n'est qu'à la suite de recherches minutieuses et longues que les médecins et les bactériologistes les plus autorisés, véritablement inquiets de voir, malgré tous leurs efforts, les épidémies continuer à se propager, se sont arrêtés à cette constatation. M. le professeur Chantemesse, dans une communication retentissante, faite le octobre dernier devant l'Académie de médecine, l'a péremptoirement établi. Deux jours après, l'on s'en soutient, le Diatin instituait un prix de 10,000 francs destiné à récompenser celui qui trouverait le moyen le plus pratique et le plus sûr de .détruire les mouches. II s'agissait de préserver d'un fléau sans cesse menaçant la santé publique, de faire œuvre de bien, d'être utile à l'humanité tout entière. Les proposilions, recettes, mémoires et travaux, émanant de savants, de médecins, de professeurs, de généreux chercheurs de toutes sortes, affluèrent au Matin. Sur notre prière;MM. tes professeurs Roux, Brouardel et Chanteïnesse, qui s'adjoignirent le savant entomologiste M. Bouvier, membre de l'Institut, se constituèrent en commission, à l'effet d'examiner les études qui nous parvenaient et de faire parmi elles un choix judicieux: Après diverses éliminations, et tout en reconnaissant la valeur des propositions faites par MM. Demora,. Houard et Cozette, un mémoire portant cette devise « Delenda musca fut définitivement retenu. Son auteur préconisait, pour la destruction des mouches jusque dans leurs larves, l'emploi de l'huile de schiste....