Extrait du journal

C'était bien la première fois, cette année, qu'on avait presque regretté que les Chambres fassent en vacances. Il semblait qu'il mangeât rà ces'événements de Cronsladt ce tout petit bout de commentaire dont il faut accompagner, au moins pour le grand public, tous les événements de ce monde et, bien qu'il n'y eut pas à épi loguer longtemps sur des faits assez éloquents par eux-mêmes, on aurait 'voulu qu'une voix autorisée vint, en quelque sorte, les mettre nu point. C'était d'autant plus nécessaire que le sic vos non vobis, qui passait jusqu'ici pour une expression latine, est devenu depuis assez longtemps déjà un principe éminemment français. Nous avons des gens qui accaparent le patriotisme, comme d'autres accaparent le blé ou le cuivre. On n'a pas plutôt parlé de l'alliance russe qu'ils en font une enseigne à leur boutique, et il ne peut plus passer dans la rue un marchand de robinets, qu'ils ne l'obligent à jouer l'Hymne russe ou la Marseillaise. Ce sont les mêmes, vous le pensez bien, qui, sous Boulanger, tenaient déjà boutique de patriotisme. Ils n'étaient alors, il est vrai, que de petits commis du pa.troll mais le patron a fait faillite, et, quoique .inconsolables, ils continuent son commerce. déjà. plus:.d'une fois expliqués sur -leur compte, et l'on :doit reconnaître, la presque unanimité de la presse française avait assez malmenés; mais le dicton est toujours vrai: il faut faire beaucoup ̃de. bruit pour se faire entendre'. C'est même cc qui nous porte à croire que la musique de Wagner aura facilement raison de M. Leur. Dans certains coins d'Europe, où l'on n'est pas encore très chauds pour la Marseillaise, ni, d'ailJeurs, pour l'Hymne russe, on aime assez à nous jugeur sur les folies de quelques-uns, et l'on est tout étonné, quand on a franchi la frontière, de de voir qu'à Berlin, à Vienne, à Rome, M. Laur passe pour un chef de parti, alors qu'à Paris il est à peine un chef de claque. Il était bon qu'en dehors des articles de journaux, au-dessus même du langage de la presse sérieuse, la parole autorisée du gouvernement se fît entendre, et, à ce point de vue, nous avons été servis souhait en ces quelques jours. C'était, vendredi dernier, le discours de M. de Freycinet à Vendeuvrc; c'était, hier, le discours de M.Constans à Carpentras. •...